cultureopinions

En fanfare : quand la musique brise les barrières sociales et familiales

CONTRIBUTION / OPINION. Dans En fanfare, Emmanuel Courcol explore les destins croisés de deux frères que tout oppose, mais que la musique rapproche. À travers une histoire poignante d'adoption et de réconciliation, le film rend hommage aux univers musicaux, des conservatoires aux fanfares populaires, avec une belle humanité.

en-fanfare


Il y a dans le film d’Emmanuel Courcol, En fanfare, comme un air de naturalisme à la Zola. Le sujet en quelques mots est le suivant : Thibault Desormeaux, jeune chef d’orchestre et compositeur renommé, découvre en même temps que sa leucémie qu’il a été adopté. Pour se donner une chance de guérison grâce au don de moelle osseuse, il part à la recherche de son jeune frère dont il apprend l’existence : Jimmy, modeste employé dans une cantine scolaire du nord de la France et tromboniste à ses heures dans la fanfare municipale de Walincourt.

Tout les sépare, bien sûr ; leurs noms sont à eux seuls un vaste programme — Thibault Desormeaux : le prénom bourgeois, l’équilibre des trois syllabes patronymiques et l’élégance de la rime en « o » qui fait songer au moineau chantant, fragile et gracieux par opposition à Jimmy Lecocq, une syllabe en moins dans le nom de famille, le son du poulailler en étendard et le prénom fatal qui vous cadenasse dans votre déterminisme pour reprendre l’expression si drôle que Sylvain Tesson utilise dans La Panthère des neiges pour décrire les yacks.

À la manière du grand romancier réaliste naturaliste qu’est Zola, pour qui « l’Homme physiologique » remplaçait « l’Homme métaphysique », mais restait « inséparable du milieu qui le détermine », les deux frères vont progressivement, mais difficilement s’apprivoiser par le biais de la musique, qui est le sujet central du film. Ils ont tous les deux l’oreille absolue, c’est-à-dire la capacité rare et naturelle à déterminer la hauteur exacte d’un son sans repère préalable. Mais pétri d’amertume par la comparaison de leur destinée, Jimmy lance à son frère : « Toi, à trois ans, on t’a mis devant un piano, et moi à trois ans, on m’a mis chez Claudine » (sa mère adoptive, personnage tout en simplicité et en finesse).

Le spectateur est...

Vous aimerez aussi