Agriculture

Agronome en 1760 : le conseiller des paysans

CONTRIBUTION/OPINION. À la fin du XVIIIe siècle, l’essor du métier d’agronome fait muter celui d’agriculteur. Celui-ci bénéficie désormais d’une expertise en gestion de surface agricole.

/2023/04/Agronomie-Louis_Duhamel_Du_Monceau


La langue française est d’autant plus riche qu’elle a souvent su s’adapter à l’évolution de la société, des sciences et des techaniques au fil des époques. Je me propose de vous en fournir un exemple, fruit du hasard de la lecture d’un livre que l’on venait de m’offrir. Il s’agit d’un ouvrage datant de 1760 intitulé L’Agronome, Dictionnaire portatif du cultivateur, ouvrage « contenant les connaissances nécessaires pour gouverner les Biens de Campagne, conserver la santé, etc. ».

On ne pouvait imaginer les qualités requises à l’agronome en cette fin de XVIIIe siècle. Cet homme devait s’inscrire en quelque sorte dans un espace insoupçonnable, à quatre dimensions afin d’être apte à « administrer un bien de campagne ».

La première : devant vivre à la campagne pour exercer son métier, il se devait en conséquence d’acquérir une certaine autonomie en pouvant, par exemple, se soigner lui-même compte tenu de l’éloignement des médecins et des chirurgiens, etc.

La deuxième : il devait se comporter en citoyen respectueux des lois de l’État, des coutumes du lieu où il demeurait ; connaître en conséquence « les baux, la validité des ventes et des marchés, les finances, les droits féodaux, les justices familiales et les règles de succession ».

La troisième : devant « vivre en société », il devait être apte à recevoir, donc à préparer des mets avec des produits qu’il aura cultivés, des animaux élevés, des liqueurs et alcools élaborés…

Enfin la principale : être agriculteur grâce à ses connaissances des productions, « entendre la culture des terres », savoir loger sa famille et les animaux requérant la connaissance des matériaux de construction ; aussi il se doit « savoir tenir la balance entre les frais de ses cultures et le revenu de ses produits ».

Prenant l’exemple de la culture du « bled » (blé, seigle en ancien français), il doit maîtriser...

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