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Anatomie du centre : le macronisme, centrisme sans la classe moyenne (2/3)

OPINION. Après avoir brossé une brève histoire du centrisme, notre lecteur s’attaque à définir ce qui caractérise le macronisme. Ou comment, après avoir été l’idéologie de la masse silencieuse, le centre est devenu le parti de la grande bourgeoisie.

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Qui est Emmanuel Macron, le huitième président de la France sous la Ve République ? Jeune, ambitieux, audacieux, Macron est nommé ministre, quasi inconnu, sous le mandat de François Hollande. Il est socialiste libéral, de tradition centre gauche, tendance Strauss-kahnienne ; quasi inconnu du grand public, il se voit pourtant un destin, brillant, tout en haut, très vite, dès 2017. Il comprend qu’au Parti socialiste et que chez les Républicains, une partie des élites s’entend plutôt bien, et gagnerait à travailler ensemble, plutôt que de vivre dans une artificielle et contre-productive opposition politique. L’union du Parti socialiste débarrassé des frondeurs, et des Républicains coupés de leur aile catho, conservatrice et un peu trop proche du RN, voilà une nouvelle force politique inarrêtable qui serait attendue par toute la France. Les atermoiements de la loi travail ou de la réforme des retraites, durant sa (très) courte vie de ministre sous Hollande, finissent de convaincre le jeune Macron de l’urgence de sa mission. Marine Le Pen raillait l’UMPS, pour désigner d’un malicieux sigle deux partis qui aimaient à faire semblant de s’opposer, pour mieux dissimuler leur profond accord ; Macron la prend au mot, et réalise l’impossible union d’une certaine droite et d’une certaine gauche. Dans son gouvernement, Bruno Le Maire, Édouard Philippe, Gérald Darmanin, pour l’aile orléaniste de droite, Jean-Yves Le Drian, Gérard Collomb (au début), Barbara Pompili (à la fin), pour l’aile sociale-démocrate de gauche, et François Bayrou (par intermittence), feu Marielle de Sarnez, pour le centrisme classique. Trois partis, naguère opposés, désormais rassemblés et communiant sous la même bannière du seul macronisme. Le grand rassemblement, pourtant, dès les premières années de présidence, prend des allures de chemin de croix au niveau national, lorsque survient la crise des Gilets jaunes, un an à peine après la spectaculaire élection du jeune météore...

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