Annonce de canicule et indifférence : symptôme d’une crise plus profonde
CONTRIBUTION / OPINION. Les bulletins météo s’embrasent à chaque fois qu’une nouvelle canicule est annoncée. Malgré les records égrenés, les superlatifs journalistiques, et les tirages de sonnette d’alarme des scientifiques, l’inquiétude semble absente des discussions. Lassitude ? Défaitisme ? Ou défiance envers le discours climatique ?
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Je ne suis pas climatologue. Je n’ai ni la prétention ni l’ambition de trancher la question de la véracité des modèles climatiques. Mon objet est ailleurs : dans les soubassements épistémologiques et les mécanismes sociaux qui nourrissent la défiance. Ce texte tente de comprendre pourquoi la croyance dans la science du climat semble s’effriter. Car derrière le scepticisme climatique, il y a moins une attaque contre la nature qu’une crise du savoir.
La science ne dit pas LA vérité
La science, contrairement à une croyance tenace, ne révèle pas la vérité : elle construit des modèles du réel, toujours provisoires, toujours falsifiables. Karl Popper nous a appris à nous méfier de toute théorie prétendant s’immuniser contre la réfutation. Une science digne de ce nom ne se fonde pas sur des certitudes, mais sur sa capacité à produire des hypothèses soumises à l’épreuve de l’expérience. Elle avance à tâtons, par essais et erreurs, selon une logique asymptotique où la vérité est toujours approchée, jamais atteinte. Thomas Kuhn, de son côté, a montré que l’histoire des sciences est faite de révolutions paradigmatiques. Le modèle de Ptolémée expliquait parfaitement les mouvements célestes avant que Copernic, Kepler et Galilée ne renversent la perspective. Encore une révolution avec Einstein, la terre ne tourne plus autour du soleil, elle va en ligne droite dans un espace déformé par ce dernier. Les modèles anciens n’était pas « faux » au sens trivial, les nouveaux modèles ne sont d’ailleurs pas plus vrais, ils sont juste meilleurs, c’est-à-dire plus féconds. Dès lors, comment s’étonner que certains regardent le dogmatisme des défenseurs du climat avec scepticisme ? Quand toute remise en cause est perçue comme une hérésie, quand les voix dissidentes sont moquées ou censurées, le soupçon s’installe : et si cette intolérance cachait non pas une certitude tranquille, mais une anxiété mal refoulée ?