Bac de philo : ce que cachent les copies bâclées
OPINION. Si le constat inverse est généralement partagé par les professeurs, toutes les copies du bac de philosophie n’ont pas été bâclées cette année. Les élèves qui ont pris l’exercice à cœur démontrent une chose : face aux inégalités scolaires, seul le mérite est efficace.
Nombre de mes collègues ayant eu à évaluer le bac philo cette année ont constaté la fréquence des copies délibérément médiocres ou fantaisistes. Un état de fait que l’on estime imputable à la décision prise par le ministère de retenir la note de contrôle continu dans le cas où celle-ci serait meilleure que la note de l’examen final. Je n’ai pas fait le même constat.
Pour ma part, je n’ai jamais eu à évaluer un lot de copies d’aussi bonne qualité : une moyenne de deux points plus élevée que ma moyenne habituelle, un 18, quelques 16, de nombreux 15 ou 14, qui sont de très bonnes notes en philosophie. L’ensemble des copies, y compris les moins bonnes sur le fond, étaient de surcroît correctement rédigées, en bon et parfois en très bon français. Je ne mets évidemment pas en cause le témoignage des autres correcteurs. Mon lot n’était assurément pas représentatif de l’ensemble. Mais c’est précisément la raison pour laquelle je pense pouvoir affirmer qu’il était significatif et révélateur d’une réalité.
Les vertus scolaires
Je connais d’expérience la distribution sociale et géographique des niveaux scolaires. Les auteurs des copies que j’ai eu cette année à corriger provenaient à l’évidence de quelque beau quartier où se concentrent les « héritiers », ceux qui ont « les codes », comme on dit. La question que je me suis posée est celle-ci : pourquoi ces lycéens ont-ils « joué le jeu » ? Leurs notes de contrôle continu étaient sans doute bonnes, voire excellentes. Au vu du niveau affiché, il me paraît difficile d’en douter. Au moment de l’épreuve, ils avaient donc pour la plupart déjà en poche un bac avec mention et la garantie d’une orientation satisfaisante dans le supérieur. Ils n’avaient donc rigoureusement rien à gagner à plancher durant quatre heures sur un sujet difficile afin de rendre la...