Boualem Sansal et le retour de la gauche antidreyfusarde
CONTRIBUTION / OPINION. 10 ans de prison ferme viennent d’être requis ce 20 mars par la justice algérienne contre Boualem Sansal, poursuivi pour atteinte à « la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». Une parodie de justice, sans avocat ni accès au dossier. Silence assourdissant à gauche.
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La situation scandaleuse de l’écrivain se double du déshonneur dans lequel se vautre une partie considérable de la gauche, qui refuse tout bonnement de le défendre. Ainsi, le 5 mars, la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale a examiné une proposition de résolution européenne « appelant à la libération immédiate et inconditionnelle » de Boualem Sansal, détenu en Algérie depuis novembre dernier. La totalité de la gauche s’est abstenue plutôt que d’appeler à la libération de l’écrivain franco-algérien. Quelques jours à peine après son incarcération, le 24 novembre sur France 5, Boualem Sansal avait droit à un tribunal médiatique entièrement à charge, avec pour procureurs Nedjib Sidi Moussa, universitaire islamo-gauchiste et Benjamin Stora, historien chantre de la repentance postcoloniale. Après s’être acquittés mollement d’un préambule sur la liberté d’expression, les deux se sont livrés à un assassinat en règle d’un homme de 75 ans, atteint d’un cancer, prisonnier des geôles d’une dictature. En cause, « l’impureté » politique de ce dernier.
Sandrine Rousseau a pu déclarer sur Sud Radio au mois de décembre que Sansal « n’est pas un ange », le lexique religieux étant assez révélateur chez nos ayatollahs de gauche. Rima Hassan, député européen, ange exterminateur de LFI, votera, ainsi que d’autres députés européens de gauche, quand d’autres encore s’abstiendront, contre la résolution pour demander la libération de ce dernier le 23 janvier 2025, avec entre autres cette étrange justification, presque maurrassienne : « il n’est Français que depuis quelques mois »… Une situation qui témoigne d’une gauche sous emprise de LFI, rares étant les voix dissidentes (Jérôme Guedj, François Ruffin, Raphaël Glucksmann).
Mais que reproche la gauche dévoyée à Sansal ? D’abord d’avoir « blessé le sentiment national algérien » (Benjamin Stora) en reprenant la position officielle de la France sur le Sahara occidental sur un média d’extrême droite (Frontières), bref, par contamination, d’être « d’extrême droite »...