Changer de mode de scrutin
OPINION. À chaque scrutin, les commentateurs déplorent l’augmentation de l’abstention et la dévitalisation démocratique. Faut-il cependant attendre le suivant pour réfléchir à des solutions ?
Le record du taux d’abstention au second tour des élections présidentielles date de 1969, avec 31,15% lorsque Georges Pompidou a été élu face à Alain Poher. Des circonstances très particulières expliquent ce chiffre, lors de ce qui n’était que la deuxième élection du président de la République au suffrage universel direct. D’une part, ces élections faisaient suite à la démission du général de Gaulle, laissant ainsi un vide cruel pour ses très nombreux partisans, et, d’autre part, le choix du second tour n’en était pas vraiment un, avec deux hommes aux projets politiques assez similaires, ce qui a motivé le secrétaire général du Parti communiste, Jacques Duclos, à donner une consigne d’abstention aux 21,3% des électeurs qui lui avaient fait confiance au premier tour.
Ce record a pourtant été approché de près lors de l’élection présidentielle de 2022, dans la continuité d’une hausse constante du taux d’abstention sur les quatre dernières consultations. Il s’établissait à 16,03% en 2007 (Sarkozy élu face à Ségolène Royal), à 19,65% en 2012 (François Hollande élu face à Nicolas Sarkozy), à 25,44% en 2017 (Macron élu face à Marine Le Pen) et à 28,01% en 2022 (Macron réélu toujours face à Marine Le Pen).
Abstention : symptôme de la décrépitude démocratique
Cette tendance lourde d’augmentation de l’abstention pour le scrutin le plus important sous la Ve République est un indice majeur de la décrépitude de notre démocratie.
La première raison qui pousse un citoyen à se résoudre à l’abstention est le sentiment d’inanité du vote due à l’absence de choix véritable. Le vote d’adhésion est plus fréquent lors du premier tour, même s’il s’agit déjà souvent d’un premier compromis, mais la majorité des suffrages lors du second tour correspond à un choix par défaut, pour le défaut lui-même, pourrait-on même écrire. C’est ainsi qu'Emmanuel Macron a...