Si j’en crois le dictionnaire Larousse, le sentiment est une connaissance plus ou moins claire, donnée d’une manière immédiate. Oui, une connaissance, Maître Dupond-Moretti! Plus ou moins claire, je vous l’accorde, mais connaissance quand même.

Ainsi l'on peut affirmer que la population française a, dans son écrasante majorité, connaissance de la montée des violences en cours. Même si, selon un membre éminent de l’Observatoire de la délinquance, interrogé sur France Info le 9 septembre, il est difficile de mesurer la délinquance contemporaine, de l'évaluer, la quantifier (voilà en somme une institution qui se déclare incompétente; ça tombe bien, le gouvernement a récemment décidé de mettre un terme à sa mission).

Le médiatique criminologue Alain Bauer, quant à lui, joue avec les statistiques et démontre sa maestria en assénant un rituel "rien de nouveau sous le soleil". Toutefois, s’il y est poussé par d’autres sommités télévisuelles, il finit par admettre du bout de sa moustache que notre société se heurte à un problème que les pouvoirs publics tardent à résoudre.

Notre société, comme on dit couramment.

On peut aussi parler de civilisation.

Soyons honnêtes, le vingtième siècle nous a suffisamment instruits sur la capacité de l'homme à se comporter comme une bête.

Une femme agressée ces jours-ci à Saint-Denis n'a-t-elle pas parlé de violence animale? Celui qui s’acharne à coups de pieds sur une jeune fille à terre peut-il être qualifié d'individu civilisé? L’automobiliste qui traîne sur plusieurs centaines de mètres le corps d’une femme a-t-il la moindre idée de ce qu'est un citoyen éduqué?

La civilisation est un processus. La civilisation est un travail. Il serait d’ailleurs plus que temps d’ajouter au débat la question du rôle des parents. Quels apprentissages de base ont reçu ceux qui se croient autorisés au refus d’obtempérer? Quelle éducation ou absence d’éducation permet de...