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De la vulgarité en Amérique : une déchéance culturelle

CONTRIBUTION / OPINION. C’est un truisme de dire que la culture américaine a imposé son hégémonie sur une immense partie du globe. Mais le phénomène relativement récent est la vulgarité avec laquelle celle-ci s’exprime.

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Certains me diront que ce n’est pas nouveau et je m’inscrirai en faux contre cette remarque. L’excellence a été le symbole et le moteur de la culture américaine jusqu’aux fatidiques années 1990. C’est ce que nous allons tenter de démontrer ici.

La vulgarité dans le domaine culturel peut être décrite comme un rejet des valeurs nobles (talent, travail, bon goût, déontologie) associé à un anti-élitisme ravivé par le ressentiment (au sens nietzschéen du terme). Évidemment, le titre de cet article n’a pas été choisi par hasard. La disparition de la (haute) culture américaine est inhérente à une vision de plus en plus égalitariste de la « culture » dans l’Amérique d’aujourd’hui.

Dans le fameux De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville explique que « la démocratie est l’expression politique de la “révolution sociale”, laquelle est très largement dans son esprit la révolution de l’égalité ». (Gérard Mairet, Les grandes œuvres politiques). Pour Tocqueville, le but de la démocratie est donc moins la liberté que l’égalité. C’est pour cela qu’existent aux États-Unis des dispositions légales, telle que la discrimination positive, qui ont pour but de rendre « égaux » ceux qui n’ont pas les qualités requises pour réussir par eux-mêmes. Ces dispositions, nous l’observons, ne peuvent se concrétiser que par le nivellement.

Rousseau déjà dans sa Lettre à M. D’Alembert, stigmatisait le théâtre (lui qui écrivit pourtant des œuvres dramatiques !), car il trouvait « inégalitaire » le fait que les comédiens se fassent applaudir sur une scène tandis que les spectateurs relégués dans une salle étaient passifs — il existe par ailleurs bien d’autres arguments pour lesquels Rousseau condamnait le théâtre.

Alors, comment résoudre ce (prétendu) problème d’inégalité dans le domaine culturel qui comme nous l’avons vu ne date pas d’hier ? Eh bien, les Américains ont l’air d’avoir découvert la solution surtout depuis les...

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