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Dérogation au couvre-feu : petites libertés et inégalités

OPINION. Pour notre abonné, la dérogation au couvre-feu accordée par le ministre de l’Intérieur aux musulmans pour le ramadan, en plus de mettre les fonctionnaires de police dans des situations délicates, est une rupture grave avec notre principe d’égalité.

/2021/04/COUVRE-FEU

Un nouveau troubadour nous est né, ressuscité plutôt d’entre les morts de la droite par la main du « Père de la nation ». Peu de temps après cette période de Pâques qui permet bien des miracles, le ministre Gérald Darmanin, fils de femme de ménage — car il faut la marteler cette merveilleuse chanson de geste sociale qui est son tube le plus célèbre —, vient nous fredonner, indirectement cependant, un nouveau concept : celui du droit courtois. Nous connaissions l’amour, voici le droit, ce qui en ces temps d’américanisation forcenée fait sens.

En effet, par l’intermédiaire d’un certain nombre de « médias », nous apprenons que le gouvernement, alors qu’il s’était fort cabré à l’endroit des chrétiens afin que fussent respectées les règles de la dure loi du confinement — mais c’est la loi —, s’entiche aujourd’hui d’accorder aux musulmans des libertés quant au couvre-feu. De facto, mais certainement pas de jure comme nous l’avons compris. Et comment cela s’est-il produit ? Et bien d’après le Conseil français du Culte Musulman (CFCM), le ministre de l’Intérieur aurait courtoisement proposé quelque dérogation pour que les musulmans puissent circuler avant l’aube.

Mon regard se tourne à présent vers les forces de l’ordre qui vont devoir se mettre à la répression courtoise. Pas si sûr que nos camarades policiers soient tous des médiévistes patentés ; ne l’étant pas moi-même, je me trouverais fort dépourvu si l’infraction devait se manifester.

Deux solutions s’imposent donc : ou bien les forces de l’ordre font montre d’une rigidité peu amène, mais néanmoins réglementaire en respectant la lettre de la loi et en faisant fi de toute espèce d’esprit courtois comme semble le proposer cette nouvelle jurisprudence de l’amabilité voulue par un homme. Ou bien ils privilégient la souplesse cultuelle du ministre en charge, et contreviennent ainsi de facto à la règle...