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Dissolution : jeu de dupes ?

CONTRIBUTION / OPINION. En décidant cette dissolution de l’Assemblée nationale, devenue inévitable en raison de l’impasse politique, Emmanuel Macron ne fait pas que garder la main sur la politique. Il pourrait voler à Jean-Luc Mélenchon sa stratégie du chaos.

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Après les résultats des élections européennes, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé dissoudre l'Assemblée nationale lors d'une allocution ce dimanche 9 juin 2024.Crédits illustration : © MOURAD ALLILI/SIPA


Il était certain qu’il n’allait pas assister à sa Bérézina politique les bras croisés, boudant dans son coin. Le coup a été mûrement préparé, annonçant une dissolution moins de 90 minutes après l’annonce des résultats où sa candidate, à côté de laquelle il posait sur l’affiche électorale, fit un score en net recul depuis 2019 et surtout de moitié de celui de l’ennemi juré, le Rassemblement national, et talonné, à quelques dixièmes de point par la liste du PS, tel un Phénix renaissant de ses cendres.

Emmanuel Macron est, disent ses soutiens, un « joueur » : il aime prendre des risques. Mais si sa décision est celle d’un joueur, ce serait surtout celle de celui qui joue avec la Constitution. Dans son allocution, il prit bien soin de rappeler qu’il était le seul qui n’était pas « concerné par une échéance électorale » avant 2027, ce qui limite la prise de risque. Rien de ce qui pourrait se passer ne l’impliquera. Il aime prendre des risques, mais pas pour lui, pour les Français.

Et encore une fois, les apories présidentielles ont été servies au peuple français à la louche. Aux rodomontades « pas de conséquences nationales à un scrutin européen » a suivi son contraire, de la bouche même du ministre de l’Intérieur saluant les « conséquences nationales » du scrutin par la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par son président au nom de la clarification. Mais peut-être que la clarification en question n’est pas celle qu’il croit. Elle serait d’abord celle de l’absence délibérée de campagne en 2022 et de la question restée en suspens : un second mandat, mais pour quoi faire ?

Il dissout et le premier tour est le plus rapproché qu’il peut institutionnellement organiser : l’article 12 lui donne vingt jours au moins et quarante au plus. Le premier tour le 30 juin lui assure ses...

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