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Dissolution : que tout change pour que rien ne change

CONTRIBUTION / OPINION. La dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron apparaît comme l’ultime recours d’un système à bout de souffle qui cherche à maquiller son maintien en place d’une illusion démocratique.

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Crédits illustration : © NICOLAS MESSYASZ/SIPA


Nove sed non nova : la manière est nouvelle, non la matière. Si la dissolution est un acteur rare dans ce théâtre des illusions démocratiques, elle ne remet pas en cause ce théâtre.

Trois scénarii peuvent être envisagés suite à la dissolution de l’Assemblée nationale :

  • une majorité absolue du RN, qui entraînerait un scénario ressemblant à 1986 : Macron, dans son rôle préféré, jouerait le « rempart contre le fascisme ». Il fera tout pour « contrer le RN », comme Mitterrand l’avait fait pour étouffer la droite : ne pas signer d’éventuelles ordonnances ou les décrets en Conseil des ministres. Il laissera le RN mourir de sa petite mort sachant que, sans sortie de l’Union européenne, son programme est inapplicable.
  • une victoire de la « gauche » : scénario qui ressemblerait à 1997 donc la « gauche plurielle », partout sauf à gauche. Ils rencontreraient les mêmes écueils que le RN : un programme inapplicable sans sortie de l’Union européenne et un président qui jouerait la paralysie.
  • Les trois blocs font un score à peu près équivalent (en voyant, avec le scrutin majoritaire, ce que cela donne en termes de députés), un scénario qui ressemblerait à 1983 : trahison de la « gauche ». Nous aurions droit au fameux « gouvernement front républicain » pour contrer le RN : un bloc bourgeois central européiste de Giscard à Delors, de EELV en passant par le PS jusqu’à LR. La candidature de François Hollande et la décision d’Emmanuel Macron de ne pas présenter de candidat contre lui prouvent la validité de cette hypothèse. François Bayrou a déjà prévu le coup : « Il va falloir envisager de réunir dans un gouvernement des personnalités qui étaient éloignées les unes des autres. » Selon Édouard Philippe, « l’objectif est de créer une nouvelle majorité parlementaire. » Avec Raphaël Glucksmann en Premier ministre ? Il serait le centre exact de l’alliance. Serait-ce une rampe de lancement pour 2027,...

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