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Drogue dure et drogue douce : la distinction piège

Michaël Parent

CONTRIBUTION / OPINION. S’il existe des différences objectives, la classification des psychotropes  conduit inéluctablement à la banalisation des substances considérées comme moins dangereuses, estime notre lecteur.

/2023/02/Drogue-dure-douce


Je n’ai jamais vraiment cru à la distinction entre drogue dure et drogue douce. La gauche minimise les effets de la marijuana et la droite postule qu’un verre de vin quotidien est bon pour la santé. Mais c’est oublier que la dichotomie disparaît à la faveur du concept grec « pharmakon » qui donna le terme pharmacie, signifiant dans sa stupéfiante ambivalence tantôt poison, tantôt remède, d’où l’aspect fondamental du dosage. Reste qu’à petite dose, tout stupéfiant me semble néfaste et porter le consommateur à des paradis artificiels peu ragoûtants, à des vérités consolantes. J’aime être maître de mes propres synesthésies et trouve plus réjouissant de se donner du mal pour se faire du bien, en nageant ou courant par exemple, plutôt que sonder un simulacre de nirvana immédiat, jumeau luciférien qui finit toujours en addiction mortifère, détruisant au passage corps et cerveau. Un esprit sain dans un corps sain, « mens sana in corpore sano ».

J’observe non sans détour, la tendance toujours plus croissante, dans un monde post soixante-huitard d’une désinvolture et d’une sensibilité exacerbée d’une partie des boomers, pas tous, mais une quantité non négligeable, a fortiori lorsqu’ils se sont gavés, lorsqu’ils ont pu bénéficier de terrains favorables sur la rampe de lancement des trente glorieuses, à venir ergoter sur des points de détails, pour lesquels souvent, le réel leur donne tort, rêvant des chemins de Katmandou, où classiquement l’ivresse des cimes et la pureté de la nature va de pair avec je ne sais quel tantrisme dévoyé à l’aune de stupéfiants qui ne stupéfient plus des masses, au regard du peu de recul qu’un individu sous drogue peut avoir. Le voyage d’Ulysse est un périple qui doit in fine le ramener à Ithaque. Or, je remarque cette fuite asymptotique, à se désengager de ses racines, errant toujours plus à...

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