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Émeutes en France : le véritable « ruissellement » lié au néo-libéralisme

CONTRIBUTION / OPINION. Au-delà des phénomènes de communautarisme, les émeutes qu’a connues la France en juin sont aussi le fruit de la dissolution de l’État dans certains quartiers associée à un triomphe du consumérisme.

/2023/08/Emeutes-Neoliberalisme


Lorsque Jean-Louis Borloo remet en avril 2018 à Emmanuel Macron son rapport sur les banlieues populaires, cette démarche s’inscrit dans une logique « d’aide aux quartiers » en vigueur depuis les années 1980 visant à améliorer le quotidien des cités sensibles plutôt qu’à mettre en place un vaste plan de réorganisation et de mixité urbaine et sociale. Est-ce cette bonne dizaine de « plans banlieue », aux résultats plus que mitigés (et sans aucun regard pour l’isolement des zones rurales…), qui pousse le président à jeter purement et simplement à la poubelle le plan Borloo, qui contenait des pistes comme la mise en place de campus numériques et la création d’une « académie des leaders », pendant populaire de la prestigieuse ENA ? Trop coûteux ? Pas adapté ? Toujours est-il qu’en écho aux émeutes ayant secoué la France fin juin, certains n’hésitent pas à attribuer celles-ci à un manque d’intérêt, voire un mépris, du locataire de l’Élysée et de son gouvernement face aux classes populaires. Raison suffisante ?


Parenthèse libérale


Ouverte en 1983 et jamais refermée depuis, à l’exception relative des années Jospin (1997-2002), la fameuse « parenthèse libérale » voulue par François Mitterrand faisant l’éloge de plus de marché et moins d’État aura en fait marqué plus qu’un tournant : une véritable révolution, idéologique et économique, calquée sur le modèle libéral anglo-saxon, mais adaptée à la société française, en optant pour de profonds changements, mais en douceur afin de ne pas brusquer. Parmi ces effets très concrets, la déréglementation des loyers et des marchés de l’immobilier provocant depuis le début des années 2000 une véritable hémorragie des centres-ville au profit des quasi seules classes supérieures reléguant les classes populaires (dans un premier temps) et moyennes (dans un second temps) dans des banlieues toujours plus éloignées et toujours moins attractives avec l’inévitable phénomène de paupérisation et de ghettoïsation qui s’ensuit. Comment s’étonner...

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