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Emmanuel Macron et la légitime défense

OPINION. En avril dernier, le président alors candidat à sa réélection s’était dit « opposé à la légitime défense ». Des mots qui résonnent douloureusement après les drames vécus ces derniers mois.

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Monsieur le président de la République,

Pour avoir enfreint l’édit de 1626 interdisant les duels, François de Montmorency-Bouteville fut décapité en place de Grève, à Paris. En interdisant un jeu d’honneur qui saignait la noblesse, le cardinal de Richelieu énonçait une règle inhérente à l’état de droit : nul ne peut se faire justice à soi-même. Pour autant, la Justice n’est pas relative à votre bon plaisir, elle est un droit, un devoir, et la charge en incombe à l’État. Mais, dans « notre France » (sic) menacée d’anarchie, il n’y a plus d’État, plus de Justice et plus de loi. En condamnant la Justice à l’impuissance, en délégitimant — mais de quel droit ? — la légitime défense — « Je suis opposé à la légitime défense », avez-vous déclaré à Fouras le 31 mars 2022 —, vous légitimez la justice privée et vous condamnez des innocents à la peine de mort. Pire, et je pèse les mots, vous ravivez le spectre d’un temps maudit, quand des Juifs, coupables d’être juifs, les mains liées dans le dos et la face contre terre, étaient abattus d’une balle dans la tête.

Car les faits sont là. Sans l’émoi populaire, le meurtre de Lola eût été un fait divers et le sera bientôt ; Arnaud Beltrame a été poignardé, il était un héros, mais aux Invalides, vous avez disputé sa gloire ; Samuel Paty a été égorgé comme une bête, sa mort a flatté votre vanité ; Olivier Maire, curé en Vendée, a été occis dans son église, Dieu ait son âme ; un vagabond a été étranglé, il était « de ceux qui ne sont rien » ; Philippe Monguillot a été battu à mort, c’est pour vous une affaire classée ; une femme de ménage est tuée par un homme ivre, une autre violée en pleine rue,...

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