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Emmanuel Macron, le kamikaze de la République

CONTRIBUTION / OPINION. En annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a pris de court toute la classe médiatico-politique. Cela fait-il de lui un fin stratège ? Pas nécessairement, estime notre lecteur.

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Crédits illustration : © Jacques Witt/SIPA


Quand François Mitterrand prend la décision de recourir à la proportionnelle pour les législatives de 1986 qu’il sait perdues d’avance, il sait très bien que cette décision entraînera mécaniquement l’arrivée à l’Assemblée nationale de députés FN (ex-RN). Calcul politicien permettant à la droite de se fracturer un peu plus et débouchant sur la première cohabitation, mais à l’époque c’est la droite dite républicaine qui est majoritaire et appelée à gouverner. Pas le parti d’extrême droite fondé par Jean-Marie Le Pen et les nostalgiques du Reich.

Insensé


Lorsque peu après 20 h ce dimanche, Jordan Bardella, dans le sillage d’une victoire écrasante annoncée, demande la dissolution de l’Assemblée nationale, il ne s’imagine certainement pas que le président en place cédera à sa demande moins d’une heure plus tard. Décision insensée, incompréhensible, irresponsable : comment imaginer qu’en moins de trois semaines, le parti au pouvoir prenne l’ascendant sur la principale force d’opposition du pays alors que le rejet de la politique et de la personnalité présidentielles ne cesse de s’accentuer ? Décision prise quasi seule par Emmanuel Macron, dissoudre l’Assemblée en permettant à un RN majoritaire de former un gouvernement pendant presque trois ans pour mieux le disqualifier en vue de la présidentielle de 2027 est au mieux hasardeux, au pire une insulte à l’Histoire.

Rempart républicain


Élu deux fois par défaut face à Marine Le Pen, la technique d’Emmanuel Macron a toujours été la même : normaliser le RN (et ses idées) dans le débat public afin de l’ériger en meilleur ennemi et se poser en seul « rempart républicain » pour, in fine, éviter le chaos et sortir vainqueur. Rejouer ce duel une troisième fois alors que le front républicain ne fonctionne plus, que le RN est devenu un vote d’adhésion massif et plus de protestation et surtout que la ficelle du « président rempart » est...

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