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"Faire gaullien" ?

CONTRIBUTION / OPINION. À en croire les médias, la conférence de presse de l’Élysée du 16 janvier s’inscrirait délibérément dans la lignée des grandes conférences de presse du général de Gaulle. Mais entre « faire gaullien » et l’être, la marche est haute. Et peut-être trop, pour l’actuel locataire du 55 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré.

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© Jacques Witt/SIPA


On prête à Albert Einstein d’avoir proféré que le propre de la folie est « de faire toujours la même chose et d’espérer un résultat différent ». Telle est exactement la marque du quatrième gouvernement du huitième président de la Ve République, qui après quinze jours de tergiversations, retombe à peu près à l’identique bien qu’il en attende un désespéré sursaut pour son second quinquennat mort-né.

Et puisque le changement fut si discret qu’il passa inaperçu du peuple éthéré, il convoqua la presse pour un nouveau marivaudage vespéral, une sorte de pédagogie à l'attention de son peuple qui ne le comprend pas pour le convaincre que son mandat n’a pas commencé il y a sept ans, mais hier. Il n’y eut point besoin, comme dans le théâtre des soirs de la défunte ORTF du Général, des trois coups de bâton sentencieux commandant le lever de rideau pour savoir que la pièce avait commencé. Le texte, les décors et la mise en scène étaient de l’auteur-interprète et ça se sentit : le ton était à l’optimisme et à la satisfaction débordante, bien que très peu communicative, de l’œuvre accomplie. L’auteur des saynètes n’est pas réputé pour ses propensions autocritiques. Il s’émerveille de ses succès sans jamais rendre compte de son action, car prouver qu’il a tout bien fait serait admettre qu’il put avoir échoué. Le public fut bien choisi, trié pour qu’il ne sifflât pas quand le script sonnait faux, ce qui arriva quelques fois. Le réalisateur zélé surprit même quelques hochements approbateurs dans l’audience, à force de jongler entre ses caméras, qu’il lui fallut chercher parmi les membres du gouvernement. Ces derniers surent cacher leur profond ennui. Le plus visible d’entre eux fut curieusement l’absent, le ministre de l’Intérieur boudant à l’extérieur la causerie présidentielle dont on ne retint rien mieux...

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