Pape François

Faux frère

OPINION. Dans sa nouvelle encyclique « Tutti Fratelli », tous frères, le pape François enfourche à nouveau les thèmes majeurs de son pontificat : critique du libéralisme, des égoïsmes nationaux et des frontières. En déniant l’existence des portes, murs et voutes qui soutiennent les civilisations, il apporte son concours à leur délitement, déjà bien entamé.

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Dans sa nouvelle encyclique « Tutti Fratelli », tous frères, le pape François enfourche à nouveau les thèmes majeurs de son pontificat : critique du libéralisme, des égoïsmes nationaux et des frontières. S’écartant de la doctrine de ses prédécesseurs sur le trône de Saint Pierre, ce pape se pose en contempteur des États souverains et infuse une idéologie altermondialiste qui rappelle les plus belles heures des exaltés de Porto Alegre. En déniant l’existence des portes, murs et voutes qui soutiennent les civilisations, il apporte son concours à leur délitement, pourtant déjà bien entamé.

Sous des airs débonnaires, François s’impose comme un pape stratège et cynique. Contrairement à Benoit XVI, il ne combat pas la déchristianisation de l’Europe, il l’embrasse. Pour deux raisons : il n’aime pas cette Europe qu’il ignore, et il sait que l’avenir de l’Église est au sud.

Genèse d’une europhobie

Argentin a une époque marquée par la dictature des juntes, de Perón et de la faillite du pays, Jorge Mario Bergloglio a vécu sa vie d’homme loin de l’Europe. Régulièrement accusé de collaboration avec la dictature militaire, il semble s’être plutôt accommodé d’un régime autoritaire ultra catholique, ou catholique ultra, comme l’on voudra. Dans ce pays encore aux deux tiers catholique, il n’a pas été confronté aux bouleversements qu’ont connu l’Europe et les États-Unis dans les années soixante, à la disparition progressive des cadres traditionnels, troqués vingt ans plus tard lors de la révolution libérale contre un modèle consumériste et individualiste.

Propulsé à la tête d’une Église en relatif déclin, son élévation n’est pas le fruit du hasard, tant est devenue faible la représentation européenne du catholicisme, à présent incarnée par deux grands continents en devenir, l’Afrique et l’Amérique du Sud. Plutôt que de se battre à raviver la flamme de la foi sur des terres occidentales en déshérence...

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