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Insécurité, trafic de drogue, terrorisme… là où l’État a cédé le pouvoir

CONTRIBUTION / OPINION. En renonçant à exercer la force légitime, l’État français a laissé proliférer une nouvelle féodalité urbaine. Terroristes, narcotrafiquants et juges militants redessinent la carte du pouvoir. Pendant ce temps, les gouvernants maquillent leur impuissance sous des postures communicationnelles vides de sens.

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Crédits illustration : ©Christian Liewig-pool/SIPA


Aujourd’hui en France, où se situe la réalité du pouvoir ? Dans les mains d’un ministre incapable de gérer quelques ados délinquants et encore acnéiques, ou bien chez un jeune chauffard qui, certain de son impunité, écrase froidement un policier suite à un refus d’obtempérer ?

Pouvoir, masses et massue


Certains pensent que le pouvoir, c’est d’abord de prélever les impôts, tandis que d’autres estiment que c’est plutôt contrôler les ressources essentielles (nourriture, eau, énergie), ou encore la possibilité de restreindre les libertés d’expression, de réunion et de circulation. Tout ceci est sans aucun doute fondé. Revenons-en toutefois à la source primitive du pouvoir : chez nos ancêtres préhistoriques, l’homme qui exerçait le pouvoir était le guerrier en mesure de broyer le crâne des autres membres du clan ou des ennemis sous sa massue ; soit celui qui déterminait qui avait le droit de vivre et qui devait mourir. Bref, Cro-Magnon gouvernait et protégeait les masses par la massue.

Le pouvoir c’est la coercition. Et la coercition absolue, autrement dit le pouvoir suprême, c’est appliquer la peine capitale. Thomas Hobbes, partant du principe que l’homme est naturellement violent, affirme dans son Léviathan que seul l’État (incarné par le souverain) peut et doit préserver la paix civile par la répression, y compris en ayant recours à la peine de mort s’il le faut. C’est ce que Max Weber appellera plus tard, dans Le Savant et le Politique, le « monopole de la violence physique légitime », un monopole qui doit demeurer le privilège de l’État, afin de garantir le contrat social.

Résumons-nous : dans sa plus stricte expression, réduite à l’os, l’essence du pouvoir peut donc s’interpréter comme le droit exclusif d’administrer la peine capitale. Or, qui, aujourd’hui en France, dispose de ce privilège que l’on peut qualifier à la fois de pouvoir primaire et...

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