Plaidoyer impossible pour un jeune président abandonné des siens
CONTRIBUTION / OPINION. En sept ans de pouvoir, Emmanuel Macron aura méthodiquement vidé la Ve République de sa substance, brisé le bipartisme et transformé les institutions en coquille vide. Par narcissisme politique, il a fait vaciller les équilibres, jusqu’à laisser un pays épuisé, divisé, et un système à bout de souffle.
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Le legs d’Emmanuel Macron aura été de transformer le roc de granit de la Constitution de 1958 en un tas de sable instable et fragile. Il aura produit en sept ans de pouvoir autant d’anciens Premiers ministres que ses prédécesseurs en vingt ans, de Jospin en 1997 à Valls en 2017. La réalité est qu’il n’est que le receleur des ferments de l’instabilité qu’il aura poussée à ses extrêmes.
« Les institutions ne sont que ce que les hommes qui les occupent en font. » La sentence de Jean-François Revel est tirée d’un ouvrage dont le titre prend tout son sens aujourd’hui : l’absolutisme inefficace, écrit bien avant que la Constitution subisse Emmanuel Macron. Le livre aurait pu être écrit pour lui, ou à défaut une variante mieux adaptée : l’absolutisme narcissique.
Comme beaucoup de Français, je cherche à comprendre comment une Constitution que l’on disait si solide a pu aboutir dans un tel cul-de-sac, produire trois, voire quatre Premiers ministres en un an, et battre le record de brièveté d’un gouvernement qui démissionne quelques heures avant son premier Conseil des ministres. Et tout cela avec une « clef de voûte » obstinément muette, elle normalement si diserte à ne rien dire.
Le rejet de Macron est inédit. Pour beaucoup de Français, il est devenu comme les publicités à la télévision : quand il apparaît à l’écran, on peut faire autre chose sachant qu’on n’aura rien manqué en revenant. Même les regards les plus désintéressés, les plus modérés, comme Jean-Pierre Raffarin, lui suggèrent de démissionner. Aurore Berger, éphémère porte-parole du gouvernement Lecornu, a prévenu : un Emmanuel Macron démissionnaire, « ça n’existe pas ».
Les avis les plus autorisés sur la chose nous ramènent à une IVe République mourante de son parlementarisme effréné, car la Ve République d’un président isolé et sans majorité n’est rien d’autre qu’un régime...