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Reculer pour mieux démissionner ?

CONTRIBUTION / OPINION. En quelques jours de crise politique aiguë, le débat est vite passé de la composition improbable d’un gouvernement à la dissolution, puis, après les efforts déployés à l’éviter à tout prix, à la démission du président. La dissolution de 2024 n’en est pas la raison, juste le symptôme d’une cause plus profonde qui fait du second mandat d’Emmanuel Macron une succession de crises.

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Crédits illustration : ©News Agency Germany/Shutterstock/SIPA


Jean-Luc Mélenchon, en fin connaisseur, a lâché, peu après la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon au terme d’un psychodrame inédit, qu’Emmanuel Macron « venait de faire un nouveau bras d’honneur au peuple français ». Il est difficile de lui donner tort, d’autant que le bras d’honneur fait aussi partie de la panoplie communicative de la Macronie depuis qu’Éric Dupond-Moretti, ministre, en usa dans l’hémicycle pour répondre à feu le député Marleix. Le choix d’un Lecornu II après un Lecornu I mort-né est si aberrant que seuls ceux qui avaient prédit une surprise sortie du chapeau du président n’en furent pas surpris.

Au moment où les critiques se tournent vers un président déconnecté des réalités, accablé par sa dissolution imbécile de 2024, nul besoin d’un QI supérieur, comme on l’en crédite, pour envisager que l’intérêt de Macron eût été de laisser la main aux partis et de prendre ses distances. Mais non ! Macron veut montrer qu’il dirige. Pour le PS, qui faisait de Lecornu sa bête noire, comme pour Bruno Retailleau, exigeant un « Premier ministre de cohabitation », la douche a dû être froide. L’énoncé des 34 ministres, dont six LR, n’a pas dû le ravir davantage avec un nouveau « gouvernement Macron » en dépit de la carte blanche prétendument laissée au Premier ministre : qui l’avait cru ? Avec Jean-Noël Barrot reconduit et Retailleau débarqué, le président Tebboune jubile et Boualem Sansal devra toujours patienter dans sa cellule algérienne.

On a beaucoup glosé sur la psychologie incertaine du président, enfermé dans sa tour d’ivoire, enferré dans ses illusions. Les chroniqueurs sur les plateaux télé ne cherchent plus d’explications politiques aux actes posés par Macron ailleurs que dans les labyrinthes de sa psyché. Macron s’enfonce dans le déni démocratique. Il est toujours convaincu qu’il n’a perdu aucune élection, car perdre n’est pas dans son logiciel....

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