Jean-Luc Mélenchon à Montréal : le tribun et ses doubles
CONTRIBUTION / OPINION. Venu séduire la gauche à Montréal, le leader insoumis s’affiche en héraut du progressisme transatlantique. Mais derrière les postures, son discours trahit l’universalisme républicain au profit d’une stratégie clivante et cynique.
:max_bytes(300000)/frontpop/2025/04/jean-luc-melenchon-quebec.jpeg)
Jean-Luc Mélenchon était récemment de passage à Montréal, accompagné d’une délégation de la France insoumise, dans le cadre d’une tournée nord-américaine. À cette occasion, il a été accueilli notamment par Québec solidaire, son petit cousin idéologique au Québec. Ce moment pouvait, vu d’ici, sembler porteur d’espoir : une rencontre transatlantique entre forces progressistes, unies contre la montée des droites et la menace incarnée par le Béotien en chef à la Maison-Blanche.
Mais ce vernis humaniste ne résiste pas à l’analyse. L’homme qui, en 2017 à Marseille, exaltait les idéaux de la République — laïque, universaliste, fraternelle — n’est plus le même. Depuis, Jean-Luc Mélenchon a trahi ces principes, un à un, au nom d’un calcul politique froid et cynique. Sous l’influence du think tank Terra Nova, il a abandonné l’universalisme républicain pour une logique identitaire, fondée sur la segmentation des luttes et le clivage à outrance.
Le tribun d’autrefois flatte aujourd’hui les passions les plus radicales, cherchant dans certaines franges de la jeunesse et des quartiers populaires un prolétariat de substitution. Il ne mobilise plus pour rassembler, mais pour provoquer. Sa stratégie est claire : « bordéliser » le débat politique afin de forcer un duel avec l’extrême droite à la présidentielle de 2027. Plus le climat se tend, plus il espère apparaître, par contraste, comme le seul rempart acceptable.
Cette radicalité se traduit aussi dans un usage de plus en plus dérangeant d’un discours codé, notamment en ce qui touche à la question juive. Rien de frontal, mais des clins d’œil insistants aux pires poncifs de l’antisémitisme classique. Mélenchon évoque un « lobby » responsable de la chute de Jeremy Corbyn au Royaume-Uni, réactivant le fantasme d’un pouvoir occulte. Il accuse la présidente de l’Assemblée nationale française, Yaël Braun-Pivet, de « camper à Tel Aviv », dans une formule ambiguë aux résonances historiques sinistres. Il évoque Jésus...