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La collection Morozov, une passion franco-russe

OPINION. Jusqu’au 22 février prochain, la Fondation Louis Vuitton présente la collection des frères Morozov. 170 chefs-d’œuvre, symboles des relations franco-russes et de la puissance du « soft power ».

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Chtchoukine et Morozov, ces deux noms, bien connus des collectionneurs et des historiens de l’art, sont aujourd’hui devenus familiers du public venu avec enthousiasme découvrir les expositions spectaculaires de la Fondation Louis Vuitton à Paris. Avec la présentation de la collection Chtchoukine en 2017, puis la collection Morozov présentée actuellement, la Fondation a réussi une magistrale opération culturelle, médiatique, politique et diplomatique. Derrière cette spectaculaire réussite d’un « soft power » franco-russe, on devine ce qu’il a fallu de ténacité et de confiance entre les porteurs du projet, tant russes que français. Lorsque les relations diplomatiques se tendaient, les liens entre les différents acteurs culturels se resserraient, tissés de confiance et de pragmatisme. Une même ambition unissait Moscou, Saint-Pétersbourg et Paris : montrer au public des chefs-d’œuvre de l’art moderne français réunis par ces collectionneurs moscovites si audacieux et clairvoyants dans leur goût et dans leurs choix. Le sous-titre identique pour ces deux expositions « Icônes de l’art moderne » indiquait bien cette volonté de montrer un duo d’expositions exceptionnelles.

Une collection composée de chefs-d’œuvre français et russes

Attirés dans un réflexe pavlovien par les artistes labellisés « chef-d’œuvre incontournable » relayés par la publicité faite autour de l’exposition (ce que vous allez voir, ce qu’il faut voir, ce qu’il ne faut pas manquer, etc.), le visiteur se précipite sur les artistes qu’il reconnaît et dont il pourra parler : Monet, Renoir, Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Rodin, Maillol, Bonnard, Matisse, Picasso… Les visiteurs se pressent dans les salles consacrées à ces artistes français et, tout à leur hâte de découvrir d’autres noms connus, passent trop vite devant les œuvres de Répine, Vroubel, Korovine, Serov, Larionov, Gontcharova, Malevitch ou Kontchalovski. C’est bien là une des originalités de la collection Morozov, nous faire comprendre l’environnement culturel russe qui accueille cette avant-garde française et les influences réciproques qui en découlent. Les...

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