Le Chandelier
ANALYSE : Le quotidien « Le Monde » publiait récemment une étonnante tribune signée de Daniel Cohn-Bendit et de Claus Leggewie. Dans ce texte ils préconisent la mise en œuvre d’une Confédération franco-allemande dont les cent cinquante millions de ressortissants pèseraient d’un poids qui leur permettrait de dire leur mot dans les affaires du monde.
Il y a quelques jours, dans son numéro du 16 septembre, un grand quotidien du soir tombé (« Le Monde », puisqu’il faut l’appeler par son nom) publiait une étonnante tribune signée de Daniel Cohn-Bendit et de Claus Leggewie. Dans ce texte, le grand leader révolutionnaire de centre droit (nul, à commencer par lui-même, ne contestera que « Dany le rouge » s’est quelque peu hambourgeoisé depuis 1968) et l’éminent universitaire allemand dont la renommée n’avait jusqu’à présent pas dépassé les limites de l’Université de Giessen, dans le land de Hesse, préconisent comme le plus urgent et le plus sûr des antidotes à la fragilisation d’une Union européenne travaillée par des forces centrifuges, la mise en œuvre d’une Confédération franco-allemande dont les cent cinquante millions de ressortissants, jouissant de la double nationalité, pèseraient d’un poids qui leur permettrait de dire leur mot dans les affaires du monde.
Le moment choisi est-il opportun alors que le cent cinquantenaire de la guerre de 1870 ravive le souvenir de la façon si particulière dont les dirigeants de la France et de l’Allemagne, au long du XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe, ont conçu et organisé la complémentarité des deux pays et l’interchangeabilité d’une partie de leurs territoires ? On peut tirer et l’on a en effet tiré, des deux côtés du Rhin, la leçon de la folie suicidaire où se sont engloutis les rêves hégémoniques de nos deux nations et de leurs dirigeants. Nie wieder krieg ! Plus jamais la guerre, en tout cas entre nous. Mais existe-t-il dans la conjoncture actuelle, dans la population des deux pays, le moindre indice d’un désir de rapprochement, a fortiori de fusion entre les deux États ?
Les deux signataires de la tribune du « Monde » croient pouvoir diagnostiquer une convergence entre les institutions, la société civile et la culture des deux « sociétés »...