Le débat public : moteur défaillant de la démocratie moderne
CONTRIBUTION / OPINION. Dans un monde où les réseaux sociaux accélèrent l’action et où les idées deviennent virales, le débat public s’effrite. Fausses informations, absence d’honnêteté intellectuelle et pression de la doxa minent sa crédibilité. Sans une revitalisation de cet espace, les démocraties risquent de basculer vers une ochlocratie déstabilisante.
Le thème de la réflexion part d’un constat préliminaire que, dans la pratique politique, le débat public n’est pas de bonne qualité et qu’en conséquence il ne remplit pas les fonctions que l’on est en droit d’attendre d’une confrontation de bon niveau des idées.
La démarche consiste à décrire les causes qui conduisent à ce défaut de qualité, de mesurer les risques inhérents à cette déficience, enfin de conclure sur les idées fortes issues de cette investigation.
Réflexions sur la politique et le débat public
Quelques réflexions sommaires concernant la politique (je précise que toutes les pensées de ce document ne concernent que la France) : toute politique est fondée sur un corpus d’idées, d’orientations philosophiques, de valeurs, d’idéologies, de programmes politiques. Tout ceci encadré par des structures que sont la constitution, les institutions régaliennes, les corps constitués, les partis politiques, un pacte social qui irrigue la société.
Toute politique dans sa déclinaison pratique est évolutive : les mœurs évoluent, le pacte social se modifie, le modus vivendi du régalien se transforme, les institutions sont remises en cause, Constitution comprise, des réformes sont engagées ou pas, des révoltes émergent, voire des révolutions.
La durée nécessaire à l’émergence de ces différentes évolutions en termes de concepts et de sujets à débattre est différente de l’une à l’autre. Cette différence d’ordre de grandeur dans la durée nécessaire à l’émergence de ces évolutions crée des tensions dont la nature va d’une contrainte conjoncturelle sur un sujet donné à une rupture structurelle globale du système politique.
L’évolution vient d’avis contradictoires sur les deux points précédents (corpus d’idées et pratiques). Son moteur principal est le débat public. Ses déclinaisons sont constituées par la pensée de grands intellectuels qui échafaudent des théories et qui, ayant voix au chapitre, nourrissent ces contradictions (Jean Paul Sartre contre Raymond Aron) ; La...