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Le discours d’un président

FICTION. Fiction réaliste inspirée du temps où l’Etat était dirigé par des hommes de grande envergure.

/2021/01/Le discours d’un président

Lecteur de Front populaire, je souhaite vous exprimer une inquiétude partagée.

Après bientôt un an d'espoir et de grisantes bouffées d'oxygène, des lecteurs et moi-même nous sommes posé la question : "Et maintenant, que faisons-nous ?".

Car il ne faut pas se voiler la face : pendant qu'on nous exhorte à la résistance, le découragement, la résignation et la violence s'installent partout et durablement. Nous allons même perdre la bataille des idées, non par manque d’arguments mais par lassitude et désespoir.

La crise sanitaire nous entraîne vers la catastrophe. Endettement, chômage, précarité, pauvreté sont le coût tragique et différé d’une politique menée par des technocrates cyniques, à mille lieues parfois de la réalité. On nous ment, les libertés sont bafouées, la République se meurt mais nous nous inclinons, comme si une légalité formelle, liberticide et légicide, était de plein droit légitime et démocratique.  En vérité, nous résistons dans le seul registre des mots, comme si les idées avaient le pouvoir per se de peser sur le cours des choses. Nous savons pourtant qu’à moins d’être une coquille vide, la pensée ne prend vie qu’au travers de l’action. La puissance des dominants est l’expression des rapports de force, elle repose sur la soumission des dominés. Il faut donc agir et lui barrer la route si nous voulons caresser l’espoir, toujours provisoire, d’un changement véritable. Et il y a urgence.

Comment le président de la République eût-il agi au temps où, comme le disait Georges Séguy avec nostalgie, les affaires de l’Etat étaient menées par des hommes de grande envergure ? Entre fiction et réalité, j’ai imaginé un discours de circonstance qui, sans être gaulliste, a, il est vrai, de forts accents gaulliens : il est grave et dramatique, il s’adresse au peuple et lui enjoint d’agir avec détermination. Car on ne gagne pas une guerre...