Le fédéralisme (français) ou la mort
CONTRIBUTION / OPINION. Un système fédéral, permettant d’appliquer le principe de subsidiarité et d’unifier les différentes fractions de la population, serait, selon Frédéric Dufoing, l’ultime solution pour maintenir à flot notre France archipélisée.
Le désastre israélo-palestinien s’ajoute une fois de plus au désastre kurde et au désastre arménien, ou encore ukrainien, et à tant d’autres d’ailleurs, pas si anciens, comme celui de l’écroulement de la Yougoslavie dans les années 1990. L’absurde logique wilsonienne mise en œuvre après la Première Guerre mondiale, quand et comme cela arrangeait les vainqueurs, n’en finit pas de détruire l’Europe et le pourtour méditerranéen. Croire qu’à un État doit correspondre une nation, c’est-à-dire un ensemble culturel, linguistique, religieux homogène, et en faire un principe d’organisation politique, est tout simplement grotesque et criminel, surtout dans des contextes post-coloniaux où le chaos a été scrupuleusement semé dans les communautés historiques des pays dominés. Le principe des nationalités, de correspondance entre une nation et un État, est absurde d’abord parce qu’une telle situation n’existe « naturellement » nulle part, ensuite parce que si elle peut sembler se mettre en place, c’est superficiellement et presque systématiquement au prix de génocides, de guerres, de déplacements de populations, de processus d’acculturation et d’écrasement des particularités sanglants, et appauvrissants pour l’humanité. Tout cela a toujours des cycles de conséquences néfastes à plus long terme. Si bien qu’au final, l’application de ce principe consiste, pour reprendre la si pertinente formule d’Alfred Korzybski, à confondre la carte et le territoire, voire à imposer la carte pour effacer le territoire — et surtout les peuples qui y vivent.
Le conflit israélo-palestinien en est un exemple, presque un modèle, hélas. Né dans un contexte d’impérialisme colonial où la Grande-Bretagne joua pendant plus de vingt ans un jeu consistant à rompre, parfois par la force, les fragiles équilibres locaux et à promettre à tout le monde des gains contraires aux intérêts des autres, mais conformes aux siens, ce conflit — une sanglante guerre civile doublée de menaces des nouveaux pays voisins qui se...