L'écologisme, une idéologie du sens commun
CONTRIBUTION / OPINION. L'écologisme, une simple lubie gauchisante ? Pas du tout, explique Frédéric Dufoing, auteur de L'Ecologie radicale (2012), et de L'Ecologisme contre l'Etat. Le défi de la démocratie directe (2023). Au contraire, il s'agit d'une tradition politico-philosophique riche qui sort totalement du traditionnel clivage droite - gauche.
L'écologisme – à ne pas confondre avec l'écologie, qui est une science relevant de la biologie – est la dernière née des grandes idéologies, ces ensembles plus ou moins cohérents et articulés de valeurs, de croyances, de référents historiques, de problématiques, de projets de société qui construisent des visions du monde d'ordre politique. Après une longue maturation (qu'on pourrait faire remonter au XVIIIe siècle), elle s'est constituée dans les années 1960. Elle est tout à fait distincte des autres idéologies, comme l'anarchisme, le socialisme, le communisme, le libéralisme, le conservatisme ou encore celles dites « d'extrême droite », par exemple le fascisme et le nazisme, et les idéologies réactionnaires, antimodernes. A l'instar des composés chimiques, mais de manière bien plus complexe, les idéologies sont des combinaisons d'idées qui prennent leur valeur et leur sens dans les relations qu'elles entretiennent entre elles. Ainsi au sein de l'écologisme retrouve-t-on des valeurs essentielles issues de l'anarchisme et du conservatisme, tout autant que certaines valeurs issues du corpus socialiste (non-marxiste), liées avec d'autres valeurs et problématiques, tout à fait originales, le tout étant irréductible à un autre. Aussi est-on, si l'on a un minimum de probité intellectuelle, bien en peine de le classer « à gauche » ou « à droite », cela d'autant plus que ce classement est absurde : comment, par exemple, mettre dans le même panier de la « gauche » des communistes qui veulent un Etat totalitaire, des anarchistes qui ne veulent pas d'Etat du tout et des socialistes qui veulent un Etat qui régule le marché ?
Pourtant, nombre de gens perçoivent l'écologisme comme une idéologie de gauche, alliances électorales et discours médiatique faisant foi. Il est vrai que, depuis son entrée dans l'arène élective, l'écologisme est devenu une misérable sociale-démocratie du panneau photovoltaïque et est assimilé aux partis qui s'en réclament, donc aux individus particulièrement ineptes et à...