Turquie Géopolitique

Leçon de pragmatisme politique en Turquie : la table des Six (partie 2)

CONTRIBUTION / ANALYSE. Le 14 mai 2023 auront lieu les élections générales de Turquie, regroupant les élections présidentielles et législatives. Depuis son accession au pouvoir, il y a maintenant 20 ans, Recep Tayyip Erdoğan n’a jamais été autant en danger. Une situation politique dont les acteurs politiques français pourraient bien tirer des leçons.

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Ce qui permet aux 6 membres de la Table d’y demeurer porte un nom : Erdoğan. En effet, le ciment de l’alliance est de battre le président en exercice, indéboulonnable depuis 2003. À cette offre d’alternance, il convient d’ajouter la volonté de réformer les institutions turques, et de revenir sur la réforme constitutionnelle de 2017 consacrant un régime présidentiel sans réel contre-pouvoir (à cet égard, la Constitution turque constitue un entre-deux entre le régime présidentiel américain et le régime « parlementaire » rationalisé de la Ve République française).

Le moteur de l’alliance : la restauration d’une démocratie parlementaire


Le programme de l’Alliance de la Nation est à ce titre éclairant : mandat unique de sept ans pour le Président de la République, qui prendra un rôle honorifique, le pouvoir exécutif revenant entre les mains du Premier ministre, dont la fonction est recréée, et dont l’élection dépendra de la composition du Parlement, qui l’élira. Suppression des décrets présidentiels, qui permettaient à l’exécutif de produire des normes en dehors de la loi et donc hors du Parlement. Les comités et conseils qui court-circuitaient le Parlement et contrôlaient certaines institutions, telles que le Conseil des juges et des procureurs ou le Conseil de l’enseignement supérieur, seront réformés. Tirant les leçons de la politique monétaire calamiteuse d’Erdoğan, l’opposition souhaite consacrer l’indépendance du Gouverneur de la Banque centrale de Turquie.

Des mesures symboliques, mais fortes dans l’opinion publique turque sont également annoncées : retour au Palais de Çankaya et abandon de l’Ak Saray, le palais flambant neuf construit à coup de millions par Erdoğan et dont les coûts de construction et de fonctionnement avaient outré en cette période de difficultés économiques, réhabilitation de l’aéroport Atatürk d’Istanbul, levée de l’interdiction des festivals, etc.

Enfin, changement notable également proposé et qui aura son impact dans la scène politique turque : le pouvoir d’interdiction des...

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