La vague bleu marine n’aura finalement pas déferlé sur la France. Malgré son triomphe aux élections européennes et ses bons résultats au premier tour des élections législatives, le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella n’aura pas réussi à transformer l’essai et réalise une sérieuse contre-performance, bien loin de pouvoir prétendre former une majorité relative, lui qui la semaine passée rêvait encore d’une majorité absolue. Si le RN grimace, macronistes et partisans du Nouveau Front Populaire ont rapidement jubilé. Les premiers, parce que le camp présidentiel est parvenu à déjouer les attentes et maintenir un groupe parlementaire conséquent, alors que la plupart des commentateurs prédisaient son effondrement ; les seconds, car ils auront réussi, là encore à la surprise générale, non seulement à accomplir leur objectif de barrer la route au RN, mais à prendre un court avantage sur leurs adversaires.

C’est donc avec soulagement et enthousiasme que les sympathisants de gauche rassemblés place de la République ont accueilli les résultats électoraux au soir du 7 juillet. Cette allégresse pourrait cependant être de courte durée ; car si la gauche veut voir dans ce coup d’éclat le point de départ de son renouveau, l’analyse des résultats du second tour montre que l’apparente défaite du Rassemblement national est en vérité toute relative.

Une défaite en demi-teinte

Le premier enseignement de cette élection est la ténacité du barrage républicain. Les accords tacites de désistement entre candidats de gauche et du centre lors des triangulaires sont le principal facteur de la déconvenue du RN et, partant, des bons scores du NFP et d’Ensemble. Le parti lepéniste a réalisé entre 48,5 % et 50 % dans 24 circonscriptions, entre 47 % et 48,45 dans 31 autres et entre 45 % et 47 % dans 24 autres encore. Dans presque toutes ces circonscriptions, le...