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Les Français veulent un gouvernement qui gouverne

OPINION. Le maintien d’Élisabeth Borne à Matignon après les législatives perdues et sa monomanie contrainte du 49.3 pour légiférer témoignent du dédain de Macron pour le Parlement. La politique de la Macronie est de communiquer, mais peut-être est-il temps de commencer à gouverner ?

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« La France crève d’une conception nihiliste de la politique qui est devenue l’art de ne pas gouverner. Le jour où ça changera, s’il arrive, nous aurons peut-être le droit de ne plus désespérer de rien. » Tel est l’excipit sans illusion du « Sursaut », le premier tome de l’Histoire intime de la Ve République de Franz-Olivier Giesbert (Gallimard). Giesbert déplore la succession de « présidents-croupions »et la dégénérescence continue du genre que son ouvrage dénonce : le premier volume est consacré au seul Charles de Gaulle, le second est partagé entre deux présidents, grands, mais déjà un cran en dessous, Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing. Le dernier sera consacré au fretin qui suivit, de François Mitterrand à Emmanuel Macron, des présidents qui se sont servis au lieu de servir. Loin de diriger le pays, ils ont suivi les Français. Le degré zéro de la politique, comme le dénonce Giesbert. Certes, il n’exclut rien quand il évoque « le jour où ça changera ». Mais en ajoutant aussitôt « s’il arrive », il laisse la place à un sérieux doute.

De l’immensément grand à la plus vile petitesse : je terminai ce premier tome consacré à de Gaulle pour entamer immédiatement la lecture de la Dictature bureaucratique, ou la bureaucrature de Frédéric Masquelier (Hermann), pour comprendre, déprimé, que ce jour n’arriverait jamais, sauf à vivre une impossible révolution copernicienne de l’État profond. Après la grandeur gaullienne racontée par Giesbert, Masquelier évoque la dépossession du pouvoir politique par les petits hommes gris, la reddition du politique devant l’administratif, d’autant plus commode que la responsabilité effective se dilue par le processus : le politique n’est plus responsable de rien, et le fonctionnaire ne l’a jamais été. Le pouvoir est confisqué par un personnel nommé, ou pire encore : coopté, inamovible, irresponsable, surnuméraire et parfois incompétent. Les experts sont étouffés...

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