Immigration

Les tirailleurs dans le roman national

OPINION. Une partie des Français issus de l’immigration peine à se reconnaître un destin commun avec le reste de ses compatriotes. Pourtant, nombre d’entre eux ignorent que leurs aïeux ont servi la France valeureusement et ont toute leur place dans notre roman national.

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Nombre d’immigrés d’Afrique du Nord ou d’Afrique de l’Ouest, en particulier dans les jeunes générations, disent ne pas se considérer comme Français et se montrent même parfois, réfractaires à nos coutumes et valeurs.

De multiples raisons conduisent à cette indifférence et ce rejet. Notre civilisation désenchantée ne leur propose principalement que des valeurs de consommation ou des modèles de réussite tournant autour du spectacle et du sport professionnel : rien qui n’appelle à la transcendance et à la dignité. L’argent facile, avec parfois ses malsaines dérives, peut constituer le seul horizon. Le succès scolaire ou professionnel leur apparaissent plus difficiles d’accès. Par ailleurs, de discutables idées victimaires, dues à la colonisation et à un antiracisme à la mode, peuplent leur inconscient collectif. Le souci postmoderne du politiquement correct entretient, voire intensifie, ces représentations en créant des émotions contraires à l’assimilation.

Le roman Français, de Charlemagne à Napoléon, qui fonde notre vision collective et consensuelle du passé, leur est tout à fait étranger. L’absence d’aïeux dans les récits, hormis à Poitier ou aux Croisades, mais dans le camp adverse, explique leur détachement et peut même les inciter à chercher ailleurs modèles et archétypes. On ne peut en vouloir à ces « jeunes » de ne pas vibrer, pour paraphraser Marc Bloch : à l’évocation du baptême de Clovis ou de la Fête de la fédération. Par fortune, le roman Français ne s’arrête pas au Premier Empire et les Immigrés peuvent trouver toute leur place dans son continuum.

Dès la conquête de l’Algérie, notre nation mit sur pied des régiments de tirailleurs, dont le recrutement se faisait à partir de Volontaires indigènes, Kabyles ou Arabes. Notre faiblesse démographique vis-à-vis de nos meilleurs ennemis, Prusse ou Angleterre, ainsi que nos ambitions Outremer, ne furent sans doute pas étrangères à la création de ces formations coloniales d’infanterie....

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