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Lutte contre la dette publique : l’incontournable recapitalisation de la BCE

OPINION. Seule entité de la zone euro à être en mesure de créer de la monnaie, la Banque centrale européenne doit rompre avec son ordo-libéralisme fondateur pour résoudre le problème de la dette.

/2021/05/DETTE-PUBLIQUE-EURO

La BCE a été créée le 1er juin 1998. Elle bénéficie d’un monopole d’émission de l’euro, et définit les grandes orientations de politique monétaire de la zone euro, en lieu et place des États membres. La BCE définit un taux directeur, le « prix de la monnaie », par le biais duquel elle assouplit ou durcit les conditions de création monétaire par les banques privées, dites secondaires, lorsqu’elles émettent un crédit.

Selon le système en vigueur actuellement, lorsqu’un État souhaite emprunter de l’argent à des fins budgétaires, il émet un titre de dette souveraine qui se négocie sur les marchés financiers. Une telle adjudication de la dette publique implique une soumission des emprunts de l’État aux taux d’intérêt du marché, et donc un renchérissement des coûts pour le Trésor. Le financement de la dette publique française s’opère donc par la spéculation d’acteurs privés, dont des banques.

Pour faire face à la crise économique de 2008 et fournir des liquidités aux États, la BCE avait baissé ses taux directeurs, facilitant de ce fait la création monétaire à travers les banques secondaires par le biais de l’émission de crédits auprès de particuliers ou d’entreprises. Depuis lors, les taux directeurs ont atteint un plancher en dessous duquel il est difficile d’aller, au risque de mettre en place des taux négatifs.

Ce mouvement s’est accéléré avec la mise en place d’un « assouplissement quantitatif » (quantitative easing) depuis janvier 2015 afin de lutter contre la spirale déflationniste touchant la zone euro. Ainsi, lorsque la BCE ne peut plus agir sur le levier du taux directeur et veut procéder à un assouplissement monétaire, elle peut procéder au rachat des titres de dette publique à des banques privées, qui bénéficient de davantage de liquidités et peuvent sur le papier octroyer plus aisément des crédits à l’économie réelle. Ainsi,...

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