Nos nations ont besoin d’un récit propre, pas d’un ChatGPT européen
CONTRIBUTION / OPINION. L’effet de fascination de l’arrivée de ChatGPT étant passé, la France doit se poser la question de la réaction à avoir vis-à-vis de ces nouvelles technologies dites intelligentes.
À intervalles réguliers, la France assiste, émerveillée, à l’avènement d’une avancée technologique porteuse de la promesse d’une « disruption », c’est-à-dire d’un bouleversement général de notre manière de percevoir ou de modifier nos conditions d’existence. Sans nier les mérites de ces innovations souvent venues d’outre-Atlantique, est-il encore permis de s’interroger sur la sidération avec laquelle nous les épousons d’emblée et les déclinons sans recul, au risque de nous disperser et de ne pas nous consacrer nous-mêmes à des développements plus personnels, plus nécessaires ou plus profonds ?
Depuis quelques mois, il est devenu impossible d’ouvrir un journal sans tomber sur un article consacré à une certaine intelligence artificielle générative prétendument capable de réfléchir — ou de travailler — à notre place. C’est presque une gageure de parvenir à ne pas la citer. ChatGPT est littéralement partout ! ChatGPT (pour Generative Pre-trained Transformer, comprenez « transformateur génératif pré-entraîné) est un logiciel créé par l’entreprise OpenAI, en collaboration avec Microsoft. Puisqu’elle est aussi appelée « agent conversationnel », demandons-nous un instant si la France manque à ce point de conversation pour ne plus jurer que par elle…
La France coincée entre le psittacisme et l’antonomase
À peine mis à disposition sur Internet, nous nous sommes rués sur ce nouvel outil tellement fascinant. Mais il nous a fallu assez peu de temps pour qu’en France, chacun se demande quand nous aurions notre « propre ChatGPT ». C’est, hélas, l’un des aspects de la course au progrès menée par les États-Unis : le psittacisme* de la France qui se presse d’adopter les nouveautés venues d’outre-Atlantique. Et elle les épouse plus encore dans leur « narratif » que dans l’usage qu’elle en fait à proprement parler. Il faut donc nous interroger sur notre disposition à accueillir avec un égal enthousiasme, tout ce qui vient de l’extérieur de la France, y compris quand la nouveauté en question...