Le 28 novembre dernier, le Professeur Yves Bréchet a déposé sous serment devant la Commission d’enquête parlementaire qui enquête sur les causes du désastre énergétique de la France. Yves Bréchet a été jusqu’en 2018 haut-commissaire à l’énergie atomique. Polytechnicien, spécialiste incontestable des matériaux et de l’énergie, président du conseil scientifique de Framatome, multi-conseiller scientifique et membre de plusieurs académies des sciences, sa charge a résonné comme un coup de tonnerre dans le monde des petits marquis des cabinets ministériels et autres parasites de l’État français. Pendant deux heures, ce grand serviteur de l’État a lancé une accusation au vitriol contre l’incompétence, la paresse, l’ignorance et la suffisance de ces conseillers de pacotille et de leurs patrons.

Le haut-commissaire à l’énergie atomique dirige un comité chargé de fournir au gouvernement ses avis documentés scientifiques et techniques sur l’orientation et le développement de l’énergie nucléaire. Il rédige des rapports ad hoc dont les autorités doivent prendre connaissance avant d’élaborer les lois et décrets dans ce domaine qui n’est pas leur spécialité. Or, il constate — raison pour laquelle il quitte ses fonctions en 2018 — que les destinataires de ses rapports ne les lisent jamais. Aux députés présents, il dit qu’il ferait mieux de « relier ses rapports des deux côtés » (sous-entendu : puisque de toute façon vous ne les ouvrez pas).

Les décisions en matière nucléaire sont prises avec « une ignorance stupéfiante ». « L’État est un canard sans tête », dit-il. La loi précise que le comité à l’énergie atomique doit être réuni une fois par an par le Premier ministre. Or, « en 6 ans de mandat et malgré mes demandes réitérées, je ne l’ai vu se tenir qu’une fois dans la configuration légale. » Et il demande aux députés : « Votre commission peut et doit rechercher les responsables du désastre. » Il parle des « anciens...