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Où toutes ces larmes vont-elles nous mener ?

CONTRIBUTION / OPINION. La mort de Philippine, comme celle de Thomas, de Lola et de tant d’autres, aurait pu être évitée. Le temps des bougies, des larmes et de la compassion est révolu et l'État doit à nouveau garantir la sécurité des Français, affirme notre lecteur.

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Crédits illustration : ©HOUPLINE-RENARD/SIPA


À chaque fois, un pas de plus est franchi vers l’abject, vers l’improbable il y a peu encore, et vers notre fin à tous en l’absence de réaction collective forte. Chaque meurtre, chaque viol commis dans ces conditions aussi sinistres et horribles qu’ils auraient pu être évités, nous plongent dans un désarroi total, une peine profonde et une empathie vive, teintées d’une immense douleur pour la famille de la victime. Là, Philippine, hier, Amandine, Thomas, Lola, tant d’autres entre eux, et bien d’autres encore avant eux ! Combien après, combien demain ?

« Nous te reverrons Philippine. Cette espérance n’empêche pas nos larmes, mais elle les éclaire. » Quels magnifiques mots de l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, curé de Montigny-Voisins. Pourtant, je ne suis pas croyant ; cela renforce encore la portée de cette phrase et l’espérance qu’elle nourrit.

Où allons-nous ainsi ? Les larmes sont le temps du recueillement, de la souffrance soudaine et vive ; résurgence du bonheur à jamais déchiré, mutilé, atrophié au point qu’il ne se verra plus dans les yeux des parents, de la famille, des proches… Toujours les semblables images, les mêmes douleurs, les cris étouffés dans l’immense dignité de ces personnes endeuillées qui savent rester si belles, si humaines face à l’atrocité de l’expression de la plus horrible barbarie.

Mais nous, les autres, la population, qui regardons hagard, l’œil humide par compassion, quelques pas effectués lors d’une marche blanche, quelques fleurs déposées aux allures d’adieu et de confession d’impuissance, et puis… les pétales fanés qui marquent à chaque fois l’oubli.

Non. Nous ne pouvons plus accepter de pleurer en chœur avec les familles à jamais meurtries, et sécher nos larmes sans avoir imaginé être à leur place, sans avoir pensé ce futur ténébreux, sans nous murmurer à nous-mêmes « et si c’était ma fille », « ma sœur » ou « ma femme ». Le temps...

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