« Votre médicament est en rupture de stock, je ne peux pas vous le commander et je ne saurais vous dire quand il sera de nouveau disponible. » Voilà une phrase qui a résonné aux oreilles de 31 % des Français au moins une fois, lorsqu’ils sont allés chercher un médicament ou un vaccin à la pharmacie, selon un sondage réalisé par France Assos Santé et l’Institut BVA en août 2022.

Les dangers liés à la perte de notre souveraineté sanitaire sont devenus un problème majeur et récurrent depuis les pénuries de médicaments qui ont touché notre pays à partir de 2008. Les ruptures de stock ont été multipliées par 20 entre 2000 et 2018 dans l’Union européenne (UE), affectant principalement les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, malgré l’obligation légale européenne d’en conserver une réserve pour une durée de quatre mois.

80 % des principes actifs délocalisés en Chine et en Inde

Le service public évoque diverses causes : une capacité de production insuffisante en France, des difficultés dans la fabrication des matières premières ou des produits finis, des défauts de qualité sur les médicaments et la pandémie de Covid-19. En effet, les épidémies hivernales de grippe et de bronchiolite, moins virulentes en 2020 et 2021 en raison du confinement, ont repris en 2022, surprenant les industriels. Ensuite, l’invasion de l’Ukraine et la hausse des prix de l’énergie ont eu des répercussions sur le conditionnement de certains médicaments. L’industrie pharmaceutique dépend de produits en provenance d’Ukraine, tels que l’aluminium pour les blisters ou le verre pour les aiguilles d’injection.

Outre ces explications techniques et conjoncturelles, les pénuries de médicaments révèlent une capacité sanitaire ébranlée par les traités de libre-échange, la concurrence débridée, la désindustrialisation massive en Europe de l’Ouest et les décisions commerciales éloignées de l’intérêt sanitaire. Les productions, réalisées à flux tendu pour...