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Qu’est-il advenu, frère tant attendu ?

CONTRIBUTION / OPINION. Les retrouvailles à Noël se transforment parfois en foire d’empoigne dès que la politique s’invite à table. Un terrain miné pour les relations familiales.

Repas-noel-famille
Crédits illustration : © Mourad ALLILI/SIPA


Frère d’antan, frère de lait, frère de sang, frères non sans émoi si longtemps attendu, frère à tout faire, à tu et à toi, frangin presque siamois… « Nous étions de ces drôles aux larges épaules, sachant rire et battre, mangeant comme quatre, buvant comme dix »* aimant goulument et vite la vie comme elle se présentait, ou pas, sans jamais nous encombrer d’état d’âme. Nous sommes aujourd’hui chacun dans notre coin, deux frères de loin, qui, malgré leur réciproque attachement, avec le temps, ne voient plus le monde de la même fraternelle façon.

Nos dernières conversations n’avaient plus rien du « disputatio » à l’ancienne, j’entends, cet échange courtois où chacun s’efforce d’écouter l’autre et de comprendre pourquoi il a été amené à devenir ce qu’il est, ou n’est plus ! Nous évoluons tous, qui, au contact des personnes qui partagent nos vies, qui avec celles qui croisent nos chemins respectifs, influant le sens de nos pas…. Ou pas ! Il nous faut aujourd’hui nous accoutumer à vivre avec ce croissant différend péjoré par la distance, le silence, l’absence et le mouchoir du temps, négligemment posés sur un procrastinatoire non-dit dont le seul mérite consiste à maintenir une paix larvée au sein des fratries, et ne point les rendre fratricides.

Tu as pourtant développé, un soir, un vif ressentiment à mon endroit. Certaines de mes positions t’ont paru dangereusement dissonantes, voire hors les murs de ce qu’est devenue ton échelle d’appréciation. Tu es pourtant celui dont je me sens le plus proche sur terre, après femme et progéniture. Il devient contrariant de tout à coup ne plus se comprendre et de s’opposer à propos de points de vue trivialement politiques.

Sache, frère, que précisément je combats ardemment ce dont tu sembles arbitrairement me qualifier : appartenir au camp du mal, celui de la fachosphère. Sois ainsi...

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