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Voyage au pays d’un anti-woke

CONTRIBUTION / OPINION. On peut être moderne et conservateur, Benoît Duteurtre était un exemple en ce sens. Un hommage au romancier et essayiste disparu soudainement le mardi 16 juillet.

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Crédits illustration : © ISA HARSIN/SIPA


Je suis en train de lire Ma vie extraordinaire et Les dents de la maire de Benoît Duteurtre. Nous sommes le mercredi 17 juillet 2024. J’effectue alors une recherche internet sur l’écrivain et j’y apprends sa mort, la veille, dans sa maison vosgienne, alors qu’il était encore vivant en moi…

Benoît Duteurtre a eu une vie bien remplie et brève, hélas. Il était homosexuel, mais ne se revendiquait pas tel, jugeant sa différence sans esprit communautariste. Il le disait comme le réel se dit ou ne le disait pas ne cherchant pas à se distinguer. Son anti-wokisme, sa drôlerie, son attachement aux valeurs familiales bien pensées et son amour des artistes oubliés formaient une réflexion sur la modernité et ses transformations.

Écrivain prolifique, lisons-le aujourd’hui comme un penseur de notre époque ou un promeneur averti amoureux des lettres, de musique et de ceux qui ont partagé sa vie.

Pour donner le ton, quelques citations :

« David réfléchit. Il se dit que le monde qu’il aime a peut-être disparu depuis longtemps : ce monde des villes et des campagnes, des voyages et du temps perdu, ce cheminement de l’art, découvrant des façons nouvelles d’enchanter. Tout cela s’est perdu dans une modernité plus sommaire, occupée principalement de rationaliser, de rentabiliser, de produire et de reproduire. » Le voyage en France.

« De mon côté, je songe que la modernité la plus radicale doit être celle D’Épicure, persuadé que, si la vie doit apporter le maximum de jouissance, il n’existe pas au bout du compte, de plus grande jouissance qu’un verre d’eau et un rayon de soleil. »  Chemins de fer.

« On aurait dit plutôt, dans ce pays comme ailleurs, que plusieurs sociétés vivaient juxtaposées : l’archaïque et le post-historique, la provinciale et la branchée, la gréviste et la mondialisation. La Rugénie, en somme, était à l’image du monde. »...

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