Démocratie

Démocratie : parole versus action ?

ARTICLE. Au moment où, par l’intermédiaire des réseaux sociaux, la parole n’a jamais été plus partagée, le pouvoir quant à lui a complètement échappé aux citoyens. Défendre la souveraineté nationale, c’est défendre un principe de réappropriation du domaine de l’action par le peuple.

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La modernité introduite par les révolutions du XIXe siècle (qu’elles aient été politiques, sociales, industrielles ou encore pédagogiques) a été l’occasion d’une profonde appropriation par le peuple de la chose politique. Cette appropriation ne passa pas réellement par sa participation croissante aux élections (l’Ancien Régime offrait en bien des points la possibilité d’une véritable démocratie directe et d’un pouvoir local qui fut mis à mal par la Révolution française avec la loi Le Chapelier(1)) ni par sa présence effective dans les postes de pouvoir (les assemblées ne furent jamais réellement représentatives, encore moins à l’échelon national(2)). C’est plutôt par sa plus grande visibilité politique que le peuple se constitua comme élément moteur des aventures politiques modernes. Une visibilité offerte par la littérature, l’histoire, l’éloquence parlementaire : le langage fut un véritable miroir dans lequel le peuple pouvait se mirer, se lire, s’inventer et se réinventer. On parlait alors du peuple, pour le peuple, au nom du peuple : c’est la naissance d’un régime général de représentation qui devait assurer la possibilité (fictive ?) à l’ensemble de la population de participer au grand concert national. Ce que Julien Benda, dans La Trahison des clercs, résumait en 1927 par cette formule : « Politique d’abord, veut un apôtre de l’âme moderne ; politique partout, peut-il constater, politique toujours, politique uniquement »(3).

Mais il y a un fossé entre la promesse démocratique d’une participation de l’ensemble de la nation à la décision politique, consacrée par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (article 3) ainsi que par la Constitution française (article 2), et la réalité de pouvoirs qui sont aujourd’hui à la fois extrêmement concentrés à l’échelon national (mandats exercés par les mêmes personnalités au sein d’une classe sociale relativement homogène, ainsi que dans un espace géographique restreint et concentré en Île-de-France...

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