Macron post-modernité

Erwan Barillot : « Emmanuel Macron incarne l’alliance du baby boom et de la business school »

ENTRETIEN. Jeune politologue, Erwan Barillot œuvre dans Le Président liquide (éd. Perspectives Libres) à la dissection au scalpel du logiciel macronien. Une approche méthodique et sourcée qui fournit au lecteur une mise en perspective salutaire à l’approche du prochain scrutin présidentiel.

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Front populaire : Dans l’excellente préface qu’il signe à votre ouvrage, le non moins excellent Olivier Rey semble considérer que Macron, né en 1977, est finalement un produit de son époque. Vous semblez considérer qu’il en est même est la pointe avancée. En quoi ?

Erwan Barillot : Contrairement à ce qu’il prétend, Emmanuel Macron ne s’est pas fait tout seul ! Comme tout un chacun, il est d’abord le produit de son époque, ou sa « sécrétion » pour reprendre le mot de François Mauriac à propos du général de Gaulle. Seulement, et cela n’aura échappé à personne, l’époque de Macron n’a plus rien à voir avec celle du Général. Un gouffre les sépare : quatre générations. J’insiste dans mon essai sur ce terme de « génération » qui, au sens premier du terme, est synonyme de « sécrétion ». De Gaulle avait été « généré » dans les années 1890, Macron, dans les années 1970. Et cela change tout ! Le petit Emmanuel est né dans une famille de la moyenne bourgeoise de province imprégnée des idées permissives de mai 1968. De l’aveu même de Brigitte Macron, ses parents « laissaient tout faire à leurs enfants ». Le futur président de la République a été biberonné aux bienfaits de la société de consommation et de la globalisation marchande. C’est parce que tout cela lui a été profitable qu’il en est devenu, comme vous dites, « la pointe avancée ». De la province à la Présidence à seulement 39 ans, en passant par Henri IV, Sciences Po, l’ENA, l’Inspection des Finances et la Banque d’Affaires, et si l’on excepte un échec à l’ENS, le parcours d’Emmanuel Macron a été un sans faute. Dès lors, pourquoi accuserait-il une matrice idéologique qui l’a couronné ?

FP : Les observateurs peinent à définir Emmanuel Macron. On dit qu’il est inclassable, qu’il est tout et rien à la fois, inconsistant, bref insaisissable. Vous...

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