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Frédéric Farah : « Le gouvernement fait des travailleurs une variable d’ajustement du Capital »

ENTRETIEN. Frédéric Farah est économiste, chercheur affilié au laboratoire PHARE de la Sorbonne (Paris I) et enseignant. Il est l’auteur de Fake State chez H&O. Il décrypte avec nous les recommandations de la Cour des comptes pour rétablir les finances publiques après la crise sanitaire.

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Front Populaire : La Cour des comptes a remis un rapport pour proposer une stratégie de rétablissement des finances publiques. Est-ce la fin du « quoi qu’il en coûte » ?

Frédéric Farah : La fin du « quoi qu’il en coûte » est proche, le gouvernement envoie des signaux dans ce sens. Il suffit de lire les déclarations gouvernementales comme celle du gouverneur de la Banque de France. Pour nous y préparer, il y a la dramatisation économique qui accompagne la décision à venir : la remontée possible des taux d’intérêt, la confiance des investisseurs qui serait devenue incertaine, la vieille rengaine du fardeau laissé aux enfants, et j’en passe. Après, pour ne pas céder au récit ambiant, ce « quoi qu’il en coûte », il convient d’en relativiser la signification et la portée. Les modifications répétées de la loi de programmation budgétaire ont été plus d’ordre défensif qu’offensif. L’État a expliqué par exemple qu’il s’était engagé à hauteur de 450 milliards au début de la pandémie en 2020, un citoyen à qui il manquerait du temps pour décrypter ce chiffre pourrait croire que l’État a injecté 450 milliards d’argent frais dans l’économie. Or il n’en est rien, ce montant correspond à une garantie que l’État accordait sur des prêts en cas de défaillance de l’emprunteur. D’autre part, les mesures ont été défensives comme pour le chômage partiel qui a amorti avec succès les effets de la crise sur le pouvoir d’achat des ménages, mais les relances en investissement préparant l’avenir sont restés modestes et le Ségur de la santé a accouché d’une souris et preuve en est qu’il a fallu encore recourir à deux confinements supplémentaires, car les moyens promis à l’hôpital ne sont jamais arrivés, les suppressions de lits ont même continué. Le « quoi qu’il en coûte » est la reprise à peu de frais de l’expression de...

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