Gérald Darmanin contre Audrey Pulvar : la justice est-elle la cour de récréation des politiques ?
ARTICLE. Audrey Pulvar et Gérald Darmanin portent plainte l’un contre l’autre. Le ministre de l’Intérieur l’accuse d’avoir diffamé la police, la candidate aux régionales s’insurge et nie. De fait, la plainte à peu de chance d’aboutir, et les faits incriminés semblent relever de la liberté d’expression.
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C’est un jeu navrant auquel se sont livrés le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et Audrey Pulvar, candidate aux élections régionales en Île-de-France. Un jeu public, à grand renfort de menaces judiciaires. Un jeu qui tente, d’un côté comme de l’autre, de masquer l’incurie de ces deux figures, sur leurs zones d’action respectives. D’un côté, une candidate qui dénonce un “racisme” au sein de la police, de l’autre un ministre qui porte plainte. Il y a fort à parier que son action en justice n’aboutira à rien.
Retraçons la chronologie des faits. Il y a eu tout d’abord les déclarations d’Audrey Pulvar, au sortir alors que la manifestation des policiers faisait les gros titres dans la presse, mercredi 19 mai. L’ex-journaliste reconvertie en politique l’avait critiquée sur FranceInfo évoquant un mouvement “soutenu par l’extrême droite, à laquelle participe un ministre de l’intérieur, qui marche sur l’Assemblée nationale pour faire pression sur les députés”, y voyant une image “assez glaçante”. Des propos caricaturaux, certes, mais relevant de toute évidence de sa liberté d’expression.
Des propos discutables, mais légaux ?
Ce ne sont sans doute pas ces propos qui ont déclenché la colère du ministre de l’Intérieur. Le déclic est venu d’une vidéo de Pierre Liscia, candidat aux régionales sur la liste de Valérie Pécresse, dans un tweet publié le 22 mai accompagné de ces mots : “Moi ce qui me "glace", c’est votre haine de la #police que vous exaltez pour vous faire applaudir par le comité Adama et l’extrême gauche indigéniste.”. On y voyait une vidéo d’Audrey Pulvar s’exprimant lors d’une manifestation contre les violences policières, quelques jours après la mort de George Floyd. Évoquant plusieurs affaires, dont celle de Théo, Adama Traoré, ou bien encore Malik Oussekine, elle avait alors fustigé l’existence “d’un racisme dans la police...