Paul Melun : « Nous avons laissé se créer des zones où règnent d’autres mœurs, d’autres normes, d’autres codes »
ENTRETIEN. Plusieurs émeutes ont explosé sur l’ensemble du territoire après le décès de Nahel, 17 ans. Selon Paul Melun, essayiste et président du laboratoire d’idées “Souverains demain !”, celles-ci sont l’expression violente de la multiplication des zones de non-droit depuis plusieurs années.
Front Populaire : À la suite du décès de Nahel, tué par un tir de policier après un refus d’obtempérer, des violences ont explosé dans plusieurs banlieues françaises. De quoi ces émeutes sont-elles le nom ?
Paul Melun : Cette exaltation de violence, ou je dirais même cet embrasement, était prévisible. Beaucoup alertaient depuis des années sur le fait qu’une simple étincelle pouvait déclencher des émeutes dont on aurait bien du mal à stopper les effets. L’élément déclencheur de ce type d’émeutes s’est systématisé à des degrés divers depuis celles de 2005, que ce soit à Villiers-le-Bel en 2007, ou plus récemment après la mort d’Adama Traoré.
Sur ce drame, on peut partager la peine de la famille, quels que soient d’ailleurs les antécédents judiciaires de l’adolescent. Mais il est primordial de faire la généalogie de cette violence : nous avons laissé se créer des zones où règnent d’autres mœurs, d’autres normes ou encore d’autres codes. Ce sont les fameux territoires perdus de la République, ces zones qui ont fait sécession du pays. Je n’oublie pas que bien des gens vivant dans ces quartiers aspirent à la tranquillité publique et sont pris en otage par une jeunesse de plus en plus nombreuse, revancharde et...