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Jacques Delors : européen convaincu, hélas trois fois hélas

ARTICLE. Le dernier père fondateur de l’Europe est décédé ce mercredi à l’âge de 98 ans. Acte unique, marché commun, euro... Il laisse derrière lui une Europe soumise au néolibéralisme ouvert à tous les vents.

Jacques Delors
Jacques DelorsCrédits illustration : © HALEY/SIPA


S’il y a bien une chose que l’on ne pourra reprocher à Jacques Delors, c’est d’avoir trompé. Jacques Delors disait ce qu’il pensait et faisait ce qu’il disait — on ne pourra certainement pas en dire autant de beaucoup de ceux qui défilent pour lui rendre hommage ces derniers jours. Il a incarné toute sa vie ce que l’on peut attendre d’un chrétien social-démocrate de la seconde moitié du XXe siècle — c’est-à-dire pas grand chose en réalité.

Détenteur d’une licence de droit à Paris, puis diplômé en 1944 du Centre d’études supérieures de banque, Jacques Delors fait ses armes dans le syndicalisme. Au sein de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), il évolue dans la mouvance qui milite pour la déconfessionnalisation du syndicat. Sa carrière politique débute en 1962, lorsqu’il entre au Commissariat au Plan en tant que chef du service des affaires sociales et culturelles. Il est ensuite chargé de mission auprès du premier ministre Jacques Chaban-Delmas et prend sa carte au Parti socialiste en 1974. Il n’adhèrera jamais au Parti socialiste unifié (PSU) de Michel Rocard, mais partage jusqu’à la fin de sa vie l’essentiel du corpus idéologique de cette « deuxième gauche » souhaitant se débarrasser du marxisme et du jacobinisme, héritages encombrants de la révolution française.

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