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Pour Macron, la « violence » des Gilets jaunes est « un nouveau mode de vie »

ARTICLE. Lors d’un entretien donné au think thank américain Atlantic Council, le président Macron s’est longuement confié. Un peu trop sans doute. Il en a profité pour comparer l’invasion du Capitole américain aux Gilets jaunes en fustigeant « un nouveau mode de vie » basé sur la violence.

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Comment dit-on déjà ? Ah oui : comparaison n’est pas raison. Cela signifie que les analogies sont le plus souvent incantatoires et par définition peu rigoureuses. Elles permettent par exemple de tout mélanger volontairement pour jeter un discrédit facile, depuis l’étranger, sur une partie non négligeable des citoyens du pays que l’on gouverne ou prétend gouverner.

« 2018 en France, 2021 aux États-Unis : voilà en effet la nouvelle violence dans nos démocraties, largement liée aux réseaux sociaux », a donc confié le président Macron lors de son entrevue transatlantique, alors qu’il évoquait la violence dans les sociétés démocratiques contemporaines. « C’est un nouveau mode de vie », ajoute-t-il, en donnant brillamment raison à tous les observateurs qui ont noté qu’il n’avait jamais rien compris au mouvement des Gilets jaunes.

Pour Emmanuel Macron, la contestation sociale est un « mode de vie ». Lui a choisi les milieux d’affaires, et vous, les ronds-points chauffés aux cagettes de bois. Chacun fait comme il veut, après tout, chacun son mode de vie. Il y a fort à parier que cela ne relève même pas du cynisme. C’est ce qu’Emmanuel Macron pense profondément. Parce que si vous vouliez choisir un autre mode de vie, vous n’auriez qu’à « traverser la rue pour trouver un travail ».

Voir dans la contestation politique des Gilets jaunes un « nouveau mode de vie », c’est analyser la société sur le seul plan de l’individu et considérer que le monde social n’est qu’un agrégat de décisions individuelles où chacun choisit en conscience sa propre vie sans la moindre contrainte. Cela a l’immense avantage de balayer toutes les questions relatives à l’infrastructure politico-économique qui surdétermine en réalité largement les décisions individuelles, et de sur-responsabiliser les individus en leur expliquant qu’ils n’avaient qu’à choisir un autre « mode de vie ». Et si le « président-philosophe » n’était finalement qu’un mauvais coach de psychologie...

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