Valéry Giscard d’Estaing : l’Europe contre la France
ARTICLE. Avec le décès de Valéry Giscard d’Estaing, l’Europe pleure l’un de ses plus fervents défenseurs. Une institution qui aura occupé une place fondamentale dans le parcours de cet architecte supranational, artisan de la voie fédéraliste contre l’indépendance française.
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Jusqu’au bout, l’ancien président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, décédé ce mercredi 2 décembre, est resté l’homme du projet Européen. Le 23 avril 2020, il signait une tribune « Pour l’Europe de demain », énième tentative de relancer l’utopie européenne moribonde qui l’avait tant habité tout au long de son parcours.
Un parcours qui débute en Allemagne (évidemment !) le 2 février 1926, à Coblence où réside alors sa famille. A 18 ans, il s’engage dans l’Armée française de la Libération en 1945 et part combattre en Allemagne. A la libération, alors que son père devient membre de la Ligue européenne de coopération économique (LECE), organisation créée en 1946, il intègre Polytechnique et l'ENA. Sa promotion porte un nom qui ne s’invente pas : « Europe ».
Devenu Inspecteur des finances, il intègre en 1954 le cabinet d’Edgar Faure, ministre des Finances. En 1956, il est élu député du Puy-de-Dôme. Il consacre son premier grand discours à l’Assemblée à l’Europe : en 1957, il se livre à un vibrant plaidoyer en faveur de la ratification du Traité de Rome. Brillant, celui que le général de Gaulle qualifie de « meilleur argentier », devient en 1959, à seulement 32 ans, secrétaire d’État aux Finances et plus jeune membre du gouvernement. Michel Debré le nomme ministre des Finances et des Affaires économiques en 1962.
Partisan de l’équilibre - pour ne pas dire « austérité » du budget-, son « plan de stabilisation » (qui encadre entre autres, les prix) provoque l’ire des commerçants. Confronté aux affres de l’impopularité que rencontre sa politique d’austérité, il est renvoyé du gouvernement en 1965, année qui marque son éloignement avec le gaullisme. Car l’ancien président de la République, bien qu’il l’ait nié toute son existence, à la rancune tenace. En 1966, il fonde la Fédération nationale des républicains indépendants (FNRI), un parti qui se veut « centriste et européen »....