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Zemmour, Jirinovski et les masses raisonnables

OPINION. La désormais très probable et fracassante incursion d’Éric Zemmour dans l’arène électorale française peut-elle être comparée à la vie politique russe ? C’est en tout cas ce que pense notre lecteur.

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Certaines similitudes entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine sont frappantes. Ils sont tous deux apparus de nulle part, formés et portés au pouvoir par une oligarchie. Ils ont tous deux succédé à un président blagueur devenu ridiculement pathétique, Boris Eltsine en Russie, François Hollande chez nous. Tous deux à la suite d’une crise terroriste inédite dans leur pays. Ils ont tous deux une certaine prestance et le courage d’aller au contact. Le conflit et la violence semblent les galvaniser.

Jusqu’il y a peu, la comparaison s’arrêtait là. La montée sondagière d’Éric (prénom scandinave inconnu en France avant les années 1950) Zemmour en impose une nouvelle. L’outrance et la force électorale des extrêmes russes ont permis à Poutine de se forger une image de chef d’État. À l’extrême gauche, Guennadi Zyuganov plaide pour la « restalinisation » de la Russie. À l’extrême droite, Vladimir Jirinovski (lui, c’est carrément son nom de famille qu’il a changé) multiplie les provocations ultranationalistes et violentes, notamment à l’égard des musulmans. Par contraste, Poutine apparaît comme un dirigeant responsable.

Zyuganov et Jirinovski ont rendu toute opposition modérée, et donc crédible, impossible. Ils ne seront jamais jetés en prison comme un vulgaire Navalny… Ils ont permis au président russe de jouer les juges arbitres. À l’un, il concède que « celui qui ne regrette pas l’Union soviétique n’a pas de cœur » puis le tacle d’un « mais celui qui veut la recréer n’a pas de tête ». À l’autre, il emprunte parfois la violence verbale (« nous irons buter les terroristes jusque dans les chiottes ») et les accents nationalistes, puis lui donne une leçon de cohésion nationale en inaugurant la plus grande mosquée d’Europe à quelques pas du Kremlin. Les aficionados béats de Poutine sont surtout chez nous. En Russie, il incarne le moins mauvais choix possible, un « on ne...

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