Mayotte, 101e département français depuis 2011, souffre. Une étude statistique publiée par l’Insee le 8 novembre montre un archipel en proie à la peur. 72 % des habitants de Mayotte déclarent avoir peur de la délinquance. Rien d’anormal en soi : un sondage Harris Interactive publié par Challenges en septembre montrait que ce sentiment était largement partagé par 82 % des habitants interrogés en France, métropole et outre-mer inclus. Mais au-delà de cette inquiétude légitime, 59 % des plus de 14 ans déclarent se sentir personnellement, à un moment ou un autre, en insécurité à Mayotte.

Ce chiffre en cache d’autres, plus préoccupants. Le député LR Mansour Kamardine (que nous avions interrogé à ce sujet) expliquait le 31 août à Europe 1 : « Mayotte est une prison à ciel ouvert. Les gens habitent dans des maisons en se calfeutrant, avec la peur de sortir la nuit. (…) On dort la peur au ventre ». C’est une chose d’avoir une peur diffuse de l’insécurité, mais cela devient hautement problématique quand cette peur imprègne autant le quotidien – en l’occurrence, celui des Mahorais.

Les vols avec violence ont progressé de 263 % en dix ans

Les chiffres de la violence relevés sur l’archipel permettent de mieux comprendre les raisons de ce sentiment. Un rapport sénatorial sur la sécurité (ou plutôt l’insécurité) à Mayotte, publié le 27 octobre 2021, relève une augmentation de l’ordre de 153 % des coups et blessures volontaires sur personnes entre 2008 et 2019. Dans le même temps, les vols violents ont progressé de 263 % et les violences sexuelles de 175 %

« Quatre fois plus de ménages sont victimes de cambriolages ou de vols sans effraction qu’en France métropolitaine ». L’Insee relève que « quatre logements sur dix sont en tôle », ce qui favorise l’engrenage...