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Faut-il être solidaire des grévistes de TotalEnergies ?

DÉBAT. Depuis plusieurs semaines, des salariés de TotalEnergies sont en grève. Menant une guerre de communication pour s’assurer un soutien populaire, la direction du groupe a rappelé la rémunération moyenne des « Etam » (employés, techniciens et agents de maîtrise) largement supérieure à celle de la majorité des Français. Alors, faut-il soutenir les grévistes de TotalEnergies ?

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C’est, au fond, un sujet très « ressources humaines ». Les Etam (employés, techniciens et agents de maîtrise) de TotalEnergies sont-ils des privilégiés, comme tente (de manière assez brutale) de faire croire la direction de TotalEnergies ? Ou à l’inverse, les grévistes du groupe – qui bloquent depuis deux semaines les raffineries – ont-ils raison de considérer leurs conditions salariales comme insatisfaisantes, au vu de l’inflation d’une part et des résultats exceptionnels de l’entreprise de l’autre ?

Les salariés de TotalEnergies exigent une augmentation importante de leurs conditions salariales. La CGT exige une « revalorisation salariale immédiate à hauteur de 10 % pour l’année 2022 », comprenant « 7 % pour l’inflation » et « 3 % pour le partage de la richesse ».

Une question se pose : pourquoi maintenant ? La temporalité du mouvement social n’est pas anodine. Dans quelques mois doivent s’ouvrir les négociations annuelles obligatoires (NAO) qui figeront les futures propositions de revalorisations salariales. Le mouvement de grève est donc un moyen de faire pression avant la tenue de l’événement, qui devrait se tenir, comme le propose la direction de TotalEnergies, dès le mois de novembre. Soit deux mois plus tôt que prévu.

En attendant, la direction rappelle que les salariés du groupe ont bénéficié en moyenne de 3,5 % d’augmentation salariale en 2022. Cela ne suffira probablement pas à combler le déficit de pouvoir d’achat causé par l’inflation, qui a frappé de plein fouet le portefeuille du personnel et, d’une manière générale, des Français cette année. En août 2022, l’inflation était estimée à 5,8 % sur an glissant par l’Insee. Dans un communiqué publié le 9 octobre, la direction du groupe a tenu à relativiser cet écart.

Manipulation des chiffres ?

Rappelant que les « salariés ont bénéficié en 2022 d’un intéressement-participation moyen aux résultats de l’entreprise de 9 108 € », la direction...